8 février 2018
Chorégraphe atypique de la modernité occidentale, Marcos Morau soumet ses danseurs à un exercice de remise en question les situant dans des zones, certes inconfortables, mais qui par la même occasion leur permet de revendiquer des terrains inconnus de plein droit. Diverses disciplines se conjuguent dans cette vibrante Siena : théâtre, danse, jeux de la perception liés aux corps, des entités physiques qui gesticulent, se déhanchent, poursuivent d’étranges chemins et avant tout, somment le spectateur d’avoir recours à son intelligence.
Tableau à l’appui, La Renaissance italienne s’installe en premier lieu, annonçant une modernité en devenir, se renouvelant sans cesse à travers les siècles. La discipline « moderne » en matière d’arts se développent alors selon les tendances politiques et sociales de chaque période explorée.
Mais Siena est une œuvre complexe, certes courte (un peu plus d’une heure), ce qui ne l’empêche pas de nous motiver à y prendre plaisir tout en étant désorienté. Les pas de deux transcendent la tradition et l’espace; le sol n’est plus un endroit inexplorable, les corps y trouvent un terrain d’entente ou de désagréments pour s’éclater. C’est survolté et serein en même temps, nostalgique et actuel, formant un tout sous le forme d’un puzzle inextricable, sans doute pas sensuel ou charnel, mais donnant au corps sa véritable fonction, se manifester.
Beau décor de musée qui se transforme en d’autres lieux, selon la progression du récit qui n’en est pas un; au contraire, c’est une espèce de songe illuminé par l’art de la création abstraite. Il n’est donc pas surprenant que parmi les collaborateurs à cette œuvre chorégraphiée, on retrouve d’autres jeunes compagnies de Barcelone, ainsi que du Portugal, de l’Irlande et de la Grèce, qui semble oublier ses problèmes économiques par la création.
Une chose est certaine, en Europe les choses changent à une vitesse vertigineuse en matière de danse moderne. Geste sans doute politique pour contrecarrer les faux pas de leurs dirigeants et permettre aux spectateurs (avertis) de réfléchir sur l’état du monde.
Avec Siena, Marcos Morau propose un récit abscons, presque chimérique et proche de la plume graphique d’un Dali en plein délire. La musique, toujours appropriée selon les circonstances, nous ramène à un rendez-vous avec la formidable intuition de l’ouïe.
COMPAGNIE DE DANSE LA VERONAL
Chorégraphie : Marcos Morau et les danseurs de la compagnie – direction artistique : Marcos Morau, assisté de Tanya Beyeler – texte et dramaturgie : Pablo Gisbert (El conde de Torrefiel), Roberto Fratini – décors et lumières : La Veronal, Enric Planas – costumes : Octavia Malette – voix hors-champ : Victoria Macarte, Benjamin Nathan Serio – traduction : Laura Cosme – danseurs : Julia Cambra, Laia Duran, Cristina Facco, Cristina Goñi Adot, Ariadna Montfort, Lorena Nogal, Lautaro Reyes, Manuel Rodriguez, Marina Rodriguez, Sau-Ching Wong – production : La Veronal, Hellerau European Center for the Arts (Dresden) – diffusion : Danse Danse.
Repésentations
Jusqu’au 10 février 2018
20 h / Place des Arts (Théâtre Maisonneuve)
Durée
1 h 05 (sans entracte).
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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