8 mars 2018
RÉSUMÉ SUCCINCT
En Syrie, le conflit fait rage. Une mère et ses enfants sont cachés dans leur appartement délabré. Chaque sortie est dangereuse, mais ils ne peuvent survivre sans eau. Les tireurs sont toujours aux aguets de tout ce qui respire à l’extérieur. Mais l’instinct de survie parmi ces clandestins n’en est que plus renforcé.
Avec ce second long métrage de fiction, le Belge Philippe van Leeuw (également directeur photo pour de nombreux cinéastes, dont Bruno Dumont), signe une œuvre d’une grande intensité dans laquelle des civils impuissants sont pris au piège de l’horreur. Repliés sur eux-mêmes, ils partagent les quelques pièces d’un appartement situé en plein cœur du chaos, comme suspendus dans un éther improbable où la vie et la mort ne font qu’un. Hautement métaphorique, Une famille syrienne nous rappelle sans jamais la nommer l’état indescriptible qui secoue depuis trop longtemps déjà ce petit pays du Proche-Orient.
Au lieu de faire de son contexte sociopolitique un prétexte à dénonciation, Van Leeuw se concentre sur le drame intérieur de ses protagonistes. Son conflit est aussi universel que sa galerie de visages fatigués, de jeunesse en attente, de retraite brisée. Dans cet appartement-théâtre, ses personnages, emblématiques d’une insupportable lassitude, sont enfermés dans un espace restreint qui n’est rien d’autre qu’un miroir à la bestialité de notre monde.
Le schéma en huis clos est bien connu des films de guerre (Das Boot de Wolfgang Petersen, In Darkness d’Agnieszka Holland pour ne citer qu’eux). Van Leeuw en offre une nouvelle version, aride certes, mais sans cesse oppressante. Sa caméra se faufile avec adresse dans les dédales de ce lieu circonscrit entre une porte barricadée et une fenêtre donnant sur le champ de bataille. Au-delà de ces ouvertures, il y a l’autre. Celui qui tue, celui qui viole. Et dans l’appartement, il y a l’attente, la peur et, de temps en temps, la normalité.
Le cinéaste capte les tensions et les lâchetés de ces êtres situés dans un entre-deux irréel, trop occupés à survivre pour être vraiment vivants. Patiemment, il compose des portraits métaphoriques, aussi sensibles qu’abstraits. Mais force est de constater qu’une certaine distance s’installe et que l’émotion ne passe pas toujours malgré l’intensité du jeu de Hiam Abbass, impeccable.
Réalisation
Philippe Van Leeuw
Genre : Drame – Origine : Belgique / France / Liban – Année : 2017 – Durée : 1 h 26 – Dist. : MK2/Mile-End.
Horaires & info.
@ Cinéma du Parc – Cinémathèque québécoise
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Violence)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. O Nul. ½ [Entre-deux-cotes]
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