21 mars 2018
Le Radeau de la Méduse, du peintre Théodore Géricault, sert de toile de fond à la nouvelle chorégraphie du québécois (de la ville de Québec) Alan Lake; neuf interprètes, un musicien. Une chorégraphie qui transcende le côté athlétique souvent associé à la « nouvelle danse ». Une mise en abyme du monde, un regard universaliste sur la corporalité.
Mouvements agressifs, solos, pas de liens (et non pas de deux) de deux femmes, deux hommes ou celui répondant à la norme. Entre Lake et ses interprètes, un dialogue harmonieux qui se conjugue dans un espace hors du temps, spatial et aérien, utilisant une approche multimédia où l’architecture du décor est un lieu en construction.
Et qui, soudainement, disparaît devant nos yeux, pour reprendre vie sous d’autres formes. C’est impressionnant, surréaliste comme démarche. Bien entendu, la musique post-moderne et magnifiquement crépusculaire d’Antoine Berthiaume aidant, nous sommes dans le territoire abstrait de la création chorégraphique où même le critique peut se perdre par moments devant ces symboles, ces nuances, ces libertés parfois gratuites, comme dans la dernière partie où Lake ne semble pas guidé par sa proposition. Néanmoins, il est difficile d’entrer dans ce processus d’élaboration chorégraphique car seul l’artiste et ses disciples peuvent en témoigner.
Le corps nu, au masculin comme au féminin, voltige à travers le temps et devient matière, poussière, prisonniers de quadratures en bois où s’immiscent, comme par magie, la caractère liquide du monde. Ces éléments naturels se concrétisent dans une mise en danse exceptionnelle. Pour les connaisseurs, il s’agit d’une autre dimension; pour le néophyte, une façon de s’intégrer au milieu de la danse contemporaine par la grande porte.
Une chose est claire : Le cri des méduses joint la proposition fulgurante du célèbre peintre français de la période romantique et qui, avec « sa méduse », soumet non seulement sa vision du monde, mais trace le parcours humain pour sa survie.
Et pour Alan Lake et son Cri des méduses, le corps n’a pas vraiment de résonnance sexuelle, même si cette proposition dansée le rend désirable, enveloppant autour de lui une aura presque mystique et spirituelle. Nous sommes à des années-lumière de la réalité. Pour le spectateur, cette expérience tient de l’absolu.
Création : Alan Lake – chorégraphie : Alan Lake et ses interprètes – Scénographie (décor) : Marilène Bastien, Alan Lake – éclairages : Karine Gautier – costumes : Marilène Bastien – interprètes : Josiane Bernier, Kimberley De Jong, Jean-Benoit Labrecque, Louis-Elyan Martin, Fabien Piché, Odile-Amélie Peters, David Rancourt, Geneviève Robitaille, Esther Rousseau-Morin – production : Alan Lake Factori(e), en coproduction avec Danse Danse, et Centre de Création O Vertigo (CCOV) – diffusion : Danse Danse.
Représentations
Jusqu’au 24 mars 2018
20 h / Place des Arts (Cinquième salle)
Durée
1 h 30 (sans entracte).
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
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