22 mars 2018
RÉSUMÉ SUCCINCT
Les Feldmann, Michael et Daphna, forment un couple heureux en Israël. On leur apprend soudain que leur fils Jonathan, soldat de l’armée, est mort au combat. Comment vivre ce deuil ? Comment vivre dans un pays qui doit payer cher pour qu’il puisse continuer à exister ?
Voici, incontestablement, l’un des plus beaux films israéliens de 2017. Le réalisateur a, selon toute vraisemblance, reçu des remontrances sévères de la part des autorités israéliennes, jugeant le film trop anti. Ce qui est tout à fait le contraire. Car Foxtrot est un cri du cœur, un avertissement, une leçon de cinéma qui se transforme en discours politique, plus acerbe que dans Lebanon / Levanon (2009), œuvre mystique, intolérable dans sa vision de la violence indicible.
Trois séquences : le deuil et ses conséquences ; le poste frontière comme allégorie d’une impossible paix ; le deuil confirmé, sans en ajouter trop pour ne pas gâcher la surprise du film, tendrement prévisible.
Et comme dans Lebanon, un sens irréprochable de la mise en scène, différente dans chaque partie, mais dont les effets de style suggèrent que le lien entre récit et vocabulaire du cinéma ne peut être inséparable. Au contraire, il contribue à cet état d’esprit selon lequel le spectateur n’est pas qu’un simple voyeur, mais se transforme en complice des images en mouvement qui défilent devant ses yeux. Partageant, il me semble, un rapport avec l’Histoire et les évènements. Et dans la première et dernière séquence, Ingmar Bergman se pointe parfois à l’horizon, sur une corde raide qui tient d’un pari de la part de Maoz, et pourtant humblement gagné.
Mais il y a quelqu’un, le père, qui est interprété par Lior Ashkenazi (actuellement dans le rôle d’Itzhak Rabin dans 7 Days in Entebbe, et avant cela, entre autres, dans Mariage Tardif, avec la regrettée Ronit Elkabetz), d’une présence extraordinaire, sentant l’équilibre parfait entre son corps et la caméra, comme s’ils ne faisaient qu’un. Ses correspondances avec les autres personnages leur donnent la possibilité d’atteindre autant de perfection dans leurs jeux.
Mais Foxtrot, danse populaire d’un autre temps où persistent des pas en avant et des pas en arrière n’est que la bouleversante métaphore d’un pays qui, accumulant des gouvernements de droite, ne peut songer à un dialogue. Très souvent, les pourparlers avec ses pires ennemis, qui veulent notre destruction, peuvent s’avérer fructueux. Israël et la Palestine semblent l’avoir oublié.
Avant tout, Samuel Maoz, plus romantique qu’un Amos Gitaï, qui opte souvent pour le militantisme débridé, propose un débat, une ouverture des possibles utopiques, une réconciliation avec soi-même, ses racines, pour finalement atteindre quelque chose que la société a perdu de vue depuis de nombreuses années : l’humilité.
Nul doute que Samuel Maoz se classe parmi les plus importants cinéastes du cinéma mondial. Il joint les Malick, les Angelopoulos, les Lynch… et tous celles et ceux qui refont le monde à leurs façons, c’est-à-dire de la bonne façon.
Réalisation
Samuel Maoz
Genre : Drame – Origine : Israël / Suisse / Allemagne / France – Année : 2017 – Durée : 1 h 53 – Dist. : Métropole Films.
Horaires & info.
@ Cinéma Beaubien – Cinéma du Parc – Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.