3 mai 2018
Au scénario, le nom de Diablo Cody est pour quelque chose ; on n’a qu’à retenir son inusité et délicieux Juno. Ici, cette adolescente (efficace Ellen Page) qui était tombée enceinte, est devenue Marlo (Charlize Theron), déjà femme, mère de deux enfants et en attente d’un troisième. La comédienne tient à son personnage comme dans une bouée de sauvetage à laquelle elle s’accroche. Accaparée, elle reçoit l’aide d’une « gardienne » d’enfant nouvelle-mouture, ou plutôt « rêvée », car dans un monde où l’individualisme est un credo, la fusion entre les individus est devenue chose rare.
Beau message de la scénariste qui, par le biais de la comédie dramatique parvient à séduire un certain public, notamment celui prêt à ce que les choses changent. Les rapports amoureux sont affaires du privé, mais lorsque l’intrusion peut apporter des solutions à des problèmes, pourquoi pas ? Thérapie, remise en question de soi, de ses valeurs, d’un société qui a perdu la foi, non pas d’un point de vue religieux, mais spirituel.
L’écriture est donc pour quelque chose dans ce récit d’un simplicité étonnante, mais qui offre, chose peu courante, une unification des personnages qu’on aurait voulu voir plus souvent par les temps qui courent. S’immiscer dans le privé, se sentir comme faisant partie d’une famille, reconnaître les problèmes des autres qui, à leur tour sauront découvrir ceux d’autrui.
C’est là la grande richesse de ce film qui, malgré des écarts de langage et des situations biscornues, se savoure avec un mélange de bonheur et de tristesse à la fois. La mise en scène de Jason Reitman privilégie le verbe et on le comprend puisque les mots servent ici d’éléments thérapeutiques, de points d’ancrages, quelque chose qui ressemble à de la mélancolie qu’on tente d’apprivoiser. Cela se voit, paradoxalement, lorsque Marlo et Tully décident de « sortir » entre filles, le soir venu, dans les boîtes de Brooklyn.
Mais le cinéaste préfère la retenue, l’intellect primant sur les émotions trop tendues. Il y a là une dimension narrative qui peut plaire à certains et qui évoquent le dialogue exempt de confontation, car tous ont tort et raison et, surtout, le reconnaissent.
Avec Tully, Jason Reitman poursuit une carrière où l’humain et ses contradictions demeurent les principaux boulons narratifs. Touchant!
Réalisation
Jason Reitman
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2018 – Durée : 1 h 35 – Dist. : Universal Films.
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Accès autorisé si accompagnés d’un adulte)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
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