24 mai 2018
Il est diabétique et a l’air de ne pas trop s’en faire, ne pensant qu’à la peinture et plus encore revendiquant la reconnaissance qu’il aurait bien dû mériter de son vivant. Cela ne l’arrête pas pour autant de créer, une façon comme une autre de survivre, mais grâce à sa femme qui s’occupe seule de ses cinq enfants. La Polynésie, un exil qu’il s’impose pour quitter une capitale française qui ne l’inspire plus. Et pour le réalisateur, un voyage de Tahiti et non pas à Tahiti, comme si la préposition de prenait un détour pour s’approprier cet endroit de prédilection.
Filmer Paul Gauguin est ici un étrange dialogue qui dépasse de loin la biographie, un champ-contrechamp entre le peintre, son vécu et le lien qui les unit. C’est aussi la rencontre entre un homme, pour l’époque, déjà âgé, et une muse de 13 ans. Sujet on ne peut plus controversé de nos jours, et aussi à la fin du 19e siècle, on suppose.
Mais plus que tout, en se concentrant sur cet épisode dans la vie de l’artiste, Deluc se permet d’être lui-même peintre-cinéaste en brossant un tableau impressionniste de son sujet. Cela se voit dans les nombreux plans rapprochés, les très gros plans des yeux et du regard de l’artiste, un homme pris entre ses instincts impulsifs et la nature sauvage d’un milieu virginal qu’il semble apprivoiser.
Ses toiles polynésiennes seront sans doute ses meilleures. Mais il mourra quasi dans la misère en 1903, justement aux îles Marquises, en Polynésie française. Comme quoi , sans toucher le petit bout du doigt, ce sont ceux qui restent qui récoltent les fruits de la création. Mais Gauguin, l’Homme ? Fidèle à l’instinct colonisateur de la France ? Au contraire, dénonciateur de cette idéologie ? Où est la vérité même si Deluc montre l’artiste sous un jour neutre, le peignant comme un esprit libre, hors de toute contraintes morales ou matérielles. Et ses rapports avec les autochtones sont plutôt harmonieux.
Sur ce point, Vincent Cassel n’a jamais été aussi convaincant, précipité dans le corps et l’esprit d’un créateur rebelle et passionné, dans un paysage sauvage magnifiquement filmé.
Genre : Drame biographique
Origine : France
Année : 2017
Durée : 1 h 41
Dist. : MK2 | Mile End
Horaires & info.
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]
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