Séquences – La revue de cinéma

En salle

Birthmarked

24 mai 2018

| PRIMEUR |
Semaine 21
du 25 au 31 mai 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Au milieu des années 1970, le couple formé de Ben et Catherine décide de consacrer leur temps à une expérience scientique qui pourrait révolutionner la connaissance de l’humain. Leurs trois cobayes : deux enfants adoptés et leur propre.

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CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★

Gènes sans gêne

Le premier long métrage d’Emanuel Hoss-Desmarais, Whitewash (2013), nous avais surpris. Même si ce second essai n’a pas convaincu la critique institutionnelle (voir la surestimée bible Metascore), il n’en demeure pas moins que ce petit caprice coscénarisé avec Marc Tulin, également complice dans Whitewash, illustre une idée bien canadienne de parler d’humour, en d’autres mots pince-sans-rire, caustique, parfois maladroit et, origines anglo-saxonnes obligent, empreint d’une humanité timidement exprimée.

Les années 1970 s’accordent bien aux images, éclairages et autres sophistications kitsch/vintage confondues. La direction d’acteurs et l’interprétation répondent à cette belle transposition d’une époque un peu particulière du 20^e siècle : liberté individuelle l’establishment, les premiers soubresauts de l’égocentrisme, une deuxième moitié de siècle tournant la page vers un ailleurs inconnu.

Ce petit caprice… illustre une idée bien canadienne de
parler d’humour, en d’autres mots pince-sans-rire,
caustique, parfois maladroit et, origines anglo-saxonnes
obligent, empreint d’une humanité timidement exprimée.

Si les enfants sont simplement bons, fidèles aux directives à suivre, Toni Colette et Matthew Goode s’avère impressionnants, particulièrement dans une séquence finale où les gestes, les expressions faciales et les images du souvenir transmettent chez le spectateur une véritable charge d’émotion. Il serait injuste de ne pas souligner la présence du gréco-québécois Andreas Apergis, par ailleurs spécialiste en tant qu’auteur et metteur en scène de la tragédie grecque modernisée qui rend son personnage de Constantinos Samsonov imbattable ; idem pour Fionnula Flanagan, une des voix les plus essentielles du cinéma canadien. Fierté nationale, encore une fois oblige, Suzanne Clément tient un petit rôle, manipulant la langue de Shakespeare de façon éclatante.

Soyons honnêtes : le cinéma canadien est le plus souvent conscient de la diversité linguistique du pays, notamment en ce qui a trait aux artisans derrière la caméra, et parfois devant. Le message est donc adressé.