22 juillet 2018
Exterminatrice de vermines de jour, tueuse à gages pour la police la nuit, Rita prend sous son aile un jeune orphelin des rues, Toto. Elle cherche même à l’initier à son travail nocturne. Cela ne peut mener qu’à la tragédie.
Alliant polar et réalisme social, Neoanilla a été tournée dans les rues de Manille avec des caméras sur épaules. La cinématographie ténébreuse et le rythme lent et posé du film mettent en valeur les personnalités troubles et vulnérables des personnages malgré leurs activités meurtrières.
On pourrait reprocher au film une ou deux facilités narratives un peu trop évidentes, mais à part cela, il s’agit d’une tragédie des rues des plus sombres et poignantes. Un petit chef-d’œuvre en son genre.
Une escouade tactique de la police cherche à capturer un caïd de la drogue en infiltrant le bidonville où il a trouvé refuge. Mais c’est un piège et les policiers devront lutter âprement pour sauver leurs peaux.
À première vue, Buy Bust ressemble à un dérivé facile de The Raid Redemption, comme l’avait été le film d’action cambodgien Jailbreak, présenté à Fantasia en 2017. Sauf pour la protagoniste principale jouée par une femme et la transposition de l’action d’un bloc apparemment à un ghetto, les ressemblances entre les deux films sont en effet assez évidentes. On retrouve même l’élément de trahison par des officiers supérieurs corrompus.
Toutefois, Buy Bust offre un spectacle d’action et de violence si dantesque dans son envergure qu’il devient autre chose qu’une simple reprise dérivative. Plus de 300 cascadeurs ont été utilisés pour ce film, ainsi que 1 200 figurants pour une des productions les plus coûteuses du cinéma philippin.
Le récit prend du temps à s’embrayer, mais une fois étabi, fusillades et combats aux corps à corps d’une sauvagerie absolue se succèdent à un rythme accéléré, menée souvent sous une pluie battante. Le grand morceau de bravoure laisse voir l’héroïne résister et trucider au couteau des douzaines d’attaquants dans un plan-séquence de trois minutes. Incroyablement badass dans cette scène et bien d’autres encore, il est difficile de croire que l’actrice Anne Curtis a surtout fait carrière comme comédienne et présentatrice de spectacle de variétés.
L’aspect le plus dérangeant du film est de voir a des dizaines de reprises des hordes de marginaux chercher à lyncher les policiers qui non d’autre choix que de les tuer dans le feu de l’action.
Dans un pays où tant les criminels que les forces de l’ordre pratiquent les exécutions sommaires, cela ajoute un élément des plus douteux dans la dramaturgie du film. En fait, l’action agressivement hostile des marginaux témoigne une fois encore du profond malaise social des Philippines. Constamment victimisés par les forces de l’ordre les marginaux ne peuvent voir les policiers pris au piège du ghetto que comme des salauds à exterminer, un point de vue exprimé à plusieurs reprises dans le film.
Quelques révélations finales mettent encore plus en valeur la situation sociopolitique implacable, mais à vrai dire d’une façon plutôt pesante et caricaturale. Beaucoup plus éloquent est l’ultime plan-séquence de Buy Bust ; celui d’une hécatombe vue du ciel alors que se fait entendre une nouvelle radio louangeant le gouvernement pour sa guerre contre la drogue.
Bien que l’on puisse reprocher bien des choses au film (incluant une durée excessive et sa nature dérivative), c’est également le film le plus intense vu jusqu’à maintenant au festival, avec de superbes moments d’action qui restent dans la peau pendant longtemps après la projection.
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul / ½ [Entre-deux-cotes]
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