20 septembre 2018
Jusqu’à l’apparition de l’aphasie, maladie intolérable qui l’emportât le 1er octobre 1998, Pauline Julien aura mené de grands combats sociaux avec acharnement (place des femmes dans la société, la langue française et la nation québécoise). Vingt ans plus tard, le souvenir de la chanteuse s’est estompé, les luttes auxquelles elle tenait se sont assagies, mais son parcours reste encore d’une étonnante actualité. Pascale Ferland le fait revivre grâce à Pauline Julien : Intime et politique, un vibrant hommage à la fois à une vedette exceptionnelle, mais aussi à tous ceux et celles qui firent du Québec des années 70-80 une période incomparable. Ce faisant, Ferland donne un visage humain, sensible, en proie aux doutes à toute une collectivité.
Au détour de confidences délicates (on en aurait aimé un peu plus, notamment sur ses influences artistiques), une complicité s’installe entre elle et nous. Néanmoins, la cinéaste d’Adagio pour un gars de bicycle délaisse la morosité en se concentrant sur le dynamisme et l’engagement de celle qui fut l’une des premières femmes québécoises à se distinguer en dehors de nos frontières. Ferland rend compte de sa fervente carrière grâce à un montage vigoureux des nombreux documents d’archives, dont beaucoup sont inédits.
À l’instar de Labrecque – Une caméra pour la mémoire de Michel La Veaux, Pauline Julien : Intime et politique transcende son personnage en lui conférant une dimension sociétale aux vertus éducatives indéniables. On découvre avec un intérêt renouvelé le Québec de Lévesque, Gérald Godin, la Crise d’octobre, le référendum de 80. Et même si certaines images ont des airs de déjà vu, Ferland nous replonge dans l’exaltation d’une époque de grands chambardements. Avec des mots éminemment poétiques lus par Dominique Quesnel et Marc Béland, la correspondance des deux amants tragiques nous guide à travers les méandres d’un amour fusionnel, entrelacé à tout jamais à l’Histoire de la Province.
La démarche documentaire est originale dans sa façon de s’approprier des codes cinématographiques traditionnellement réservés à la fiction. Une structure dramatique habile nous fait suivre le destin de la star, évoluant de la ferveur des années 70, aux premiers signes de la maladie, puis à la mort. Un crescendo émotif adroitement enchâssé entre deux témoignages-clés d’Alan Glass, ami de longue date qui relate avec pudeur les débuts et la fin de l’aventure. En dehors de ces précieux détails livrés à la caméra, la réalisatrice se passe des « têtes parlantes » habituelles, magnifiant ainsi les charmes esthétiques un brin mélancoliques des matériaux d’époque, comme savent si bien le faire les collages de Luc Bourdon. Autant dans ses moments d’introspection que dans ses envolées lyriques, Pauline Julien : Intime et politique est une réussite indéniable, qui garde bien vivant le souvenir cette figure marquante de la chanson québécoise. Et qui, on l’espère, nous permettra de retrouver Pascale Ferland au grand écran dans un avenir moins éloigné que les sept années qui nous séparent de son dernier film.
Sortie
Vendredi 21 septembre 2018
V.o.
français
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Réal.
Pascale Ferland
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Genre
Documentaire biographique
Origine
Québec
[Canada]
Année : 2018 – Durée : 1 h 17
Dist.
ONF
[Office national du film du Canada].
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Horaires & info. @
Cinéma Beaubien
Classement
Tous publics
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]
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