11 octobre 2018
RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1851, dans l’Oregon, les frères Eli et Charlie Sisters sont deux tueurs à gages engagés par le Commodore pour récupérer la formule du chimiste Hermann Kermit Warm et tuer celui-ci à l’aide du détective John Morris qui suit sa trace.
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L’enthousiasme que Jacques Audiard (Un prophète et Dheepan, deux exemples au souvenir impérissable) porte au western, le vrai, celui d’antan, des années de gloire des Raoul Walsh, John Ford et autres calibres du genre, est aussi évident que puissant.
Mais le réalisateur, parvenu à un âge où la maturité se voit de film en film, ne s’engage pas dans une américanité qui aurait pu le pervertir; son western respire l’Hexagone; pour l’originalité de l’écriture, les paroles teintes de psychologie, les réparties savoureuses, les dialogues parsemés d’un cynisme gaulois qui ne dément jamais et surtout, cette tendance à psychanalyser l’individu dans toute sa complexité.
Pas de Bad Guys, pas d’ennemis, aucun manichéisme gratuit; simplement une aventure de l’Ouest fondateur vitaminée à l’européenne, mais conservant le côté mythique d’une Amérique qui se construit à coups de pistolet, de mauvais exemples perpétrés par des mercenaires, et de relations viriles ambiguës qui en disent long sur la question. Ça aussi c’est important et parfois mis de côté.
Deux frères, deux façons de voir le monde, la vie, le profit, l’argent, l’existence. Un magnifique discours sur le sens de la mort qui occasionne l’une des meilleures séquences du film. Courageux, sans doute. Sensible, la question ne se pose pas.
Puisque The Sisters Brothers, noble adaptation du roman du Canadien Patrick DeWitt, est un film sur la masculinité, sur ses faiblesses, ses nobles et ignobles intentions. Mais avant tout, un duel d’acteurs. Joaquin Phoenix, comme toujours brillant; Jake Gyllenhaal qui parfois se croit dans Bareback Mountain, mais ce n’est pas si grave que ça. Bien entendu, John C. Reilly, à qui on ne donne pas assez d’espace-écran par les temps qui courent, et qui est digne de mention, mais surtout Riz Ahmed, d’origine pakistanaise, (le méchant dans le récent Venom) qui donne aux comédiens d’autres ethnies (quel mauvais mot!) leur droit de cité. À raison, puisqu’il s’avère d’une originalité remarquable, apportant à son personnage toutes les nuances nécessaires.
Et pour Jacques Audiard, l’opportunité de découvrir une Amérique cinématographique naviguant entre le mythe, la réalité et le rêve. Film sans femmes (sauf pour le rôle, passager, de la tenancière), The Sisters Brothers déconstruit le fantasme de la masculinité. Farouchement, tout droit devant les yeux, avec cœur et sans reproche. Simplement sublime et envoûtant.
Sortie
Vendredi 12 octobre 2018
V.o.
anglais / Version française
Les Frères Sisters
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Réal.
Jacques Audiard
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Genre
Western
Origine
États-Unis / France
Espagne / Roumanie
Année : 2018 – Durée : 2 h 01
Dist.
Entract Films
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Horaires & info. @
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]
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