En salle

If Beale Street Could Talk

25 décembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 51
Du 21 au 27 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
À la suite d’un faux témoignage, Fonny Hunt est accusé de viol et condamné à une peine de prison. Son amoureuse, enceinte, met tout en œuvre pour l’innocenter.


CRITIQUE
| Élie Castiel |
★★★★

UN COURANT ARTISTIQUE…
LE NOUVEAU CINÉMA DE LA NÉGRITUDE

Moins abouti que Moonlight, la grande surprise oscarisée en 2017 (sans oublier l’incident dont tout le monde en parle encore), If Beale Street Could Talk ressemble à ces mélodrames qui, dans d’autres mains que celles de Barry Jenkins, aurait sans doute sombré dans l’oubli ou passé inaperçu.

Mais comme dans le film précédent du cinéaste afro-américain, il y a une façon de construire une cinématographie ethnique pendant longtemps ignorée. L’existence des Noirs, leurs conditions de vie et de survie, leurs luttes, leurs relations avec la majorité blanche, puissance le plus souvent insouciante et qui oublie vite. Mais plus que cela, il s’agit là comme de la construction d’un « cinéma de la négritude » comme au début des années 1960, on commençait à évoquer la « littérature de la négritude », en passant, plus tard par l’art (le peintre Jean-Michel Basquiat).

Les deux amoureux, elle, irréprochable et auguste Kiki Layne, et lui, grand talent canadien, l’impérial Stephan James se promènent, se parlent, font l’amour et se heurtent au monde des mortels comme les amants éternels d’une tragédie grecque, sortes d’Orphée et Eurydice.

Mais c’est aussi le portrait d’une Amérique qui a toujours mis en relief un faux rêve, une réussite possible qui n’existe pas, ou du moins pour les minorités. Cette caractéristique, Jenkins la soumet à un traitement formel digne des grands maîtres de l’éthéré, sentiment aérien qui consiste à situer le quotidien, l’anecdotique, ce qui semble même banal dans une réalité déconstruite, plus puissante et évocatrice que tout.

Sur ce point, on soulignera que les deux amoureux, elle, irréprochable et auguste Kiki Layne, et lui, grand talent canadien, l’impérial Stephan James se promènent, se parlent, font l’amour et heurtent le monde des mortels comme les amants éternels d’une tragédie grecque, sortes d’Orphée et Eurydice. Leurs rencontres sont montrés dans des univers à part, comme si les extérieurs n’existaient pas. Ils ne sont pas oubliés du monde, mais transcendés en héros de l’amour, pris entre leur propre espace céleste et un univers concret qui ne saisit pas l’importance du partage et des sentiments affectifs.

Entre mensonge et vérité, ou plutôt devrions-nous dire « intégrité morale », If Beale Street Could Talk annonce que Barry Jenkins appartient à cette nouvelle race de cinéastes qui assurent la continuité si essentielle du grand cinéma d’aujourd’hui et de demain. Avant toute autre chose, un art en mouvement sur les êtres et leurs pulsions conciliatrices de l’amour.

Réal.
Barry Jenkins

Sortie
Vendredi 21 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
Si Beale Street pouvait parler

Genre
Drame social

Origine(s)
États-Unis

Année : 2018 – Durée : 1 h 59

Dist.
Les Films Séville


Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Info. @
Cineplex


MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½
[Entre-deux-cotes]

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