28 février 2019
De quel enfer s’agit-il? Si l’on en juge par la présentation de Peggy Baker avant le spectacle, c’est l’obscurantisme de notre société, l’obscurité du monde, des notions philosophiques que nous pouvons changer, dépendamment de notre bon vouloir. Beau message d’espoir qui se traduit par une chorégraphie, who we are in the dark, qui valide son originalité grâce à la « mise en éclairages » de Marc Parent, puissante, fascinante, dépassant les limites de cette discipline technique, s’immisçant aux corps et à l’espace tel une météorite venue des cieux pour tenter d’éclairer le monde.
Et puis Sarah Neufeld, dont la présence sur scène et ses accords au violon donnent à l’ensemble une atmosphère inhabituelle, éthérée. Viennent ensuite les décors concrets qui évoquent les territoires autochtones, un côté primal des choses. Tout cet assemblage dans la mise en chorégraphie fonctionne à merveille.
Et puis les danseurs, placés dans un terrain chorégraphique et conduits par une proposition sise hors des sentiers battus qui, seul bémol, à moins que ce ne soit voulu, manque de passion, d’émotion, de rapport à l’autre ; sauf sans doute dans ces deux pas de deux homoérotiques qui permettent au duo masculin et au féminin de démystifier l’attraction mutuelle, de rendre la sensualité du geste illicite quelque chose de beau et de normal. Sincère acte de provocation que les disciplines artistiques peuvent se permettre de véhiculer sans se faire chahuter.
Mais un spectacle comme celui-ci, c’est surtout la danse ; et sur ce point, on sent une certaine lassitude après quelques minutes. Le thème dont il est question l’autorise sans doute, mais le spectateur peut parfois rester sur sa faim. On constate alors que la majorité des mouvements dans la danse moderne se retrouvent d’une compagnie à l’autre. Pour se dépasser, cependant, chaque chorégraphe doit ajouter un je-ne-sais-quoi qui manque ici.
Toutefois, ne gâchons pas notre plaisir : who we are in the dark donne une étrange réponse à l’éternelle question « qui sommes-nous dans le noir ». Sans point d’interrogation, car la riposte est le silence et les costumes noirs, sauf à deux reprises, illustrent bien cette idée d’abandon. Sans doute que l’enfer est pavé de bonnes intentions, mais pas nécessairement au point de devenir un obstacle à la libération, indicible, qui ne se pas laisse voir, présente toutefois.
Beau message d’espoir qui se traduit par une chorégraphie, who we are in the dark, qui valide son originalité grâce à la « mise en éclairages » de Marc Parent, puissante, fascinante, dépassant les limites de cette discipline technique, s’immisçant aux corps et à l’espace tel une météorite venue des cieux pour tenter d’éclairer le monde.
ÉQUIPE DE CRÉATION
Chorégraphie
Concept
Direction
Peggy Baker
Création des mouvements
Peggy Baker et les interprètes
Musique
Sarah Neufeld
Jeremy Gara
Vocalographie
Fides Krucker
Bâches
John Heward
Projections
Jeremy Mimnagh
Éclairages
Marc Parent
Costumes
Robyn Macdonald
Interprètes
Nicole Rose Bond, Sarah Fregeau
Mairi Greig, Kate Holden
Benjamin Kamino, Sahara Morimoto
David Norsworthy, Jarrett Siddall
Diffusion
Danse Danse
Représentations
Jusqu’au 2 mars / 20 h
Théâtre Maisonneuve
(Place des Arts)
Durée
1 h 05
(Sans entracte)
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]
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