21 mars 2019
Un décor minimaliste pour théâtre de chambre; un comédien, Adrien Bletton (la vicomte de Valmont), une femme de théâtre, Ève Pressault (la marquise de Merteuil). Libertinage, sexe, guerre des genres, à-qui-revient-le-dernier-mot et en fin de compte Éros et Thanatos qui s’unissent et convergent dans un dialogue d’une heure où règlements de compte, désir d’encore séduire et cette obsession tout à fait française de philosopher autour du sexe, avant et après font face aux spectateurs intimement, sans détours, comme si les situations s’imposaient d’elles-mêmes.
C’est à une guerre de nerfs et de pouvoir que nous assistons, augmentant le plaisir parce que ces mots bien choisis font parfois allusion aux parties génitales de l’un ou de l’autre des protagonistes, prises comme des armes à double tranchant, diaboliques. Avec Quartett, la traduction de Jean Jourdheuil et de Béatrice Perregaux à partir de l’original en allemand de feu Heiner Müller, défilent les personnages « immoraux » du Laclos des Liaisons dangereuses en faisant éclater avec un tact assassin leurs sentiments d’amour/haine, d’attirance/répulsion.
Et ce décor séduisant, une scène horizontale protégée par un rideau transparent qui laisse glisser tout de même un faux nuage d’intimité car tout est clair, même cette fosse où les corps semblent sortir de l’enfer, non pas celui de Dante, mais de celui de la quintessence des sentiments les plus torturés.
Mais quand la chair succombe, ce discours dans un salon privé normalement associé aux étreintes le plus souvent rapides et coquines, il suffit de quelques moments d’inattention pour se laisser momentanément séduire par un Cupidon sournois, mais pour reprendre de plus belle cette lutte des sexes. Car de Montreuil et Valmont ne forme qu’une seule et même personne. Ils partagent leur ADN psychologique et se comportent impunément.
D’où cette merveilleuse partie de cette courte pièce où les âmes et les corps des deux rivaux amoureux se substituent l’un à l’autre. À tel point que les spectateur est obligé de remettre en question la notion de genre et de récit.
Et ce décor séduisant, une scène horizontale protégée par un rideau transparent qui laisse glisser tout de même un faux nuage d’intimité car tout est clair, même cette fosse où les corps semblent sortir de l’enfer, non pas celui de Dante, mais de celui de la quintessence des sentiments les plus torturés. Pour Solène Paré, une résidence à Espace Go pavée de bonnes intentions.
ÉQUIPE DE CRÉATION
Texte
Heiner Müller
Traduction
Jean Jourdheuil
Béatrice Perregaux
Mise en scène
Solène Paré
Assistance à la mise en scène
Jasmine Kamruzzaman
Dramaturgie
Alice Ronfard
Interprètes
Adrien Bletton
Ève Pressault
Décor et Accessoires
Elen Ewing
Lumières
Martin Sirois, assisté de
Chantal Labonté
Costumes
Lari Jalbert, assisté(e) de
Robin Brazill
Vidéo
Antonin Gougeon
[ HUB Studio ]
Musique
André Marsolais-Roy
Direction de production
Audrey Blouin
Direction technique
Alex Gendron
Production
Espace Go / Fantôme
—
Durée
1 h
(Sans entracte)
Représentations
Jusqu’au 6 avril 2019
—
Espace Go.
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
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