17 juin 2019
Il rejoint le rang des Luchino Visconti et des Pier Paolo Pasolini, ces esthètes du cinéma italien qui conjuguent discrètement vie privée et images en mouvement. Issus de familles bourgeoises, catholiques; dans le cas de Pasolini, communiste imprégné d’un christianisme contestataire.
Franco Zeffirelli est le plus esthète, voire même dans ses excès souvent byzantins qui renvoient aux arts des grandes cathédrales.
C’est, pour certains, le délire… Côté privé, il ne fait son coming out qu’en 1996, tardivement, alors que tous sont au courant de son orientation sexuelle. Elle s’affiche dans ses films dans le choix des comédiens masculins. Son amour pour l’opéra et leurs mises en scène majestueuses le mènent dans de nombreuses maisons d’art lyrique du monde, dont le célèbre Met de New York.
Au cinéma, il confirme sa réputation auprès du public et de la critique avec The Taming of the Shrew / La mégère apprivoisée (1967), d’après Shakespeare. Le succès du film, dû au tempérament d’une Elizabeth Taylor endiablée, le pousse un an plus tard à reprendre l’auteur classique britannique avec la version de Romeo and Juliet / Roméo et Juliette (1968). On ne peut passer sous silence sa Traviata (1982) avec Teresa Stratas, très proche de la Callas, et Plácido Domingo, exceptionnel. Une adaptation de l’œuvre de Verdi en lieux réels.
Son avant-dernier long métrage, il le signe en 1999. Tea with Mussolini / Un thé avec Mussolini / Tè con Mussolini, film autobiographique sur son enfance illustrant assez bien l’ambiguïté de l’Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, comme si le cinéaste idéalisait cette époque tout en lui montrant ses nombreuses tares.
Son ultime film, Callas Forever / Callas pour toujours (2002) montre une Fanny Ardant, tout de même assez convaincante dans le rôle de la Diva. Mais en même temps, il y a, dans ce film bouleversant, le regret de Zeffirelli de ne pas avoir tourné plus souvent avec la légende de l’opéra. Rappelant en quelque sorte le Médée / Medea de Pasolini.
Comme ce dernier et Visconti, Franco Zeffirelli fait partie des géants d’une époque où le cinéma et l’opéra ne font pas nécessairement bon ménage, des décennies où le regard du spectateur ne cesse de se transformer au gré de ce qu’on leur propose. Petit à petit, sans qu’on se rende compte à moins de bien observer, le cinéma grand public réclame ses lettres de noblesse et un retour en arrière n’est plus possible.
NB : Un hommage plus long lui sera rendu dans le numéro 320 de la revue (Octobre-Novembre-Décembre 2019).
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