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L’homme de la Mancha

29 septembre 2019

Critique
| SCÈNE |
Élie Castiel

★★★★ ½

Rêver cet impossible rêve

Un début de saison exceptionnel au Théâtre du Rideau Vert. Voire même étincelant. Un metteur en scène extraordinairement inspiré, conscient des possibilités qu’offre son métier, à l’aise, comme d’habitude, dans la comédie musicale. Et une complicité avec les comédiennes et les comédiens qui persistent depuis ses débuts.

Jean Maheux (Don Quichote) et Éveline Gélinas (Dulcinéa) – © David Ospina (TRV)

Il y a, bien sûr, l’adaptation française de Jacques Brel, dont le livret est passé au peigne fin, conjuguant les nuances de l’original de Dale Wasserman. Est-ce utile de souligner la musique de Mitch Leigh, rendu, ici, agréablement imbattable par l’apport des musiciens Chris Barillaro, Peter Colantonio et François Marion? Les diverses chansons sont des messages humanistes en même temps qu’elles éveillent notre esprit critique.

Spectacle grand public, certes, mais exécuté de main de maître avec un sens noble de la mise en situations, dont chacune d’elle est un petit bijou de savoir-faire et d’ingéniosité. Cyr connaît son public et rien ne lui échappe. La scène est comme un deuxième chez-soi auquel il s’est habitué avec les années. La rencontre entre la scène, magnifiquement décorée (sans accessoires inutiles) pour la circonstance, et les comédiens devient une sorte d’accord formel qui a à voir avec l’instinctif, l’imaginaire, le sens éclairé du spectacle.

… ce qui étonne le plus dans cette version de L’homme de la Mancha, c’est surtout que l’âme et l’esprit du chanteur belge traverse autant la scène que la salle. Bouleversant.

Disons-le sans ambages. L’interprétation des chansons par Jean Maheux donne la chair de poule. La scène n’est plus un lieu de la représentation, mais un endroit où le céleste se donne le droit de visiter la Terre pendant quelques minutes. Ce qui n’empêche pas que les autres comédiennes et comédiens assurent une adroite continuité dans les dialogues et les chansons, inégalables.

Et l’Inquisition espagnole est aussi un des thèmes de ce spectacle. Pour souligner que la religion catholique n’a pas toujours été tendre avec les autres confessions. Belle critique des créateurs du spectacle, mais sans rancune, sans éclats de voix. Subtilement, avec grâce et abandon, pour laisser seul au temps le soin de racheter les erreurs de l’Histoire.

Et comme le dit si bien l’incontournable Jacques Brel, « rêver un impossible rêve », sans doute un des seuls moyens possibles de contourner les affres de l’existence. Mais ce qui étonne le plus dans cette version de L’homme de la Mancha, c’est surtout que l’âme et l’esprit du chanteur belge traverse autant la scène que la salle. Bouleversant.

ÉQUIPE DE CRÉATION
Livret
Dale Wasserman

Adaptation française
Jacques Brel

Paroles
Joe Dorion

Musique
Mitch Leigh
Mise en scène
René-Richard Cyr

Assistance à la mise en scène
Lou Arteau

Direction musicale
Chris Barillaro

Arrangements musicaux
Benoît Sarrasin
Chris Barillaro
Distribution
Joëlle Bourdon (Antonia… )

Stéphane Brulotte (Anselmo… )
Stéphan Côté (L’aubergiste… )
Éveline Gélinas (Aldonza (Dulcinéa)…
Michelle Labonté (Maria, la gouvernante… )
Roger La Rue (Juan, le Padre… )
Jean Maheux (Cervantès, Don Quichotte… )
Sylvain Massé (Pedro, le barbier… )
Sylvain Scott (Sancho Pança… )
Décors
Réal Benoît
Costumes & Accessoires
Robin Brazill

Éclairages
Étienne Boucher
Son
Martin Lessard
Maquillages & Coiffures
Sylvain Rolland Provost

Production
Théâtre du Rideau Vert

Durée
2 h 10

[ 1 entracte ]
Représentations
Jusqu’au 9 novembre 2019

TRV

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.   Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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