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Poursuivre en ligne le 27e festival Cinémania

15 novembre 2021

2-21 novembre en ligne

Daniel Racine

Nous sommes tous tannés de cette pandémie qui s’étire, mais un des bons côtés de ces mois de confinement et de reprises progressives, c’est que la majorité des festivals de cinéma ont désormais une présence en ligne. C’est le cas du festival Cinémania qui se poursuit encore une semaine, sans que nous ayons à mettre le pied dehors.

Au niveau de la programmation, cette 27e édition ressemble aux éditions précédentes, avec des œuvres primées qui marqueront définitivement l’année et plusieurs films qui seront très vites oubliés. Voici une sélection de quelques titres (en plus de ceux dans mon texte précédent) qui seront accessibles dans les prochains jours sur le site du festival, quelques longs métrages qui ont pris ou prendront l’affiche très prochainement, et d’autres qui sont en attente d’un distributeur.

Amants de Nicole Garcia
Bientôt en salle au Québec

Il y a de ces films que nous aimerions pouvoir nous faire rembourser le temps que nous y avons consacré. Malheureusement, Amants est l’un de ceux-là. Comment se fait-il qu’une réalisatrice d’expérience comme Nicole Garcia (Le fils préféré, Place Vendôme, L’adversaire, Mal de pierres) puisse nous offrir un long métrage aussi générique et aseptisé que celui-ci. De l’intrigue molle au jeu désincarné de ses trois vedettes (Stacy Martin véritable porte-manteau, Pierre Niney perdu, et Benoît Magimel de plus en plus caricatural), rien ne peut sauver ce récit usé du triangle amoureux, triangle dont les coins sont beaucoup trop arrondis.

Boîte noire de Yann Gozlan
Maintenant en salle partout au Québec

Pas facile de faire un thriller sur le monde de l’aviation qui ne tombe pas dans les clichés d’usage. C’est pourtant la prouesse du réalisateur Yann Gozlan avec son très réussi Boîte noire. Utilisant avec intelligence les codes du cinéma complotiste très présent dans le cinéma américain des années 70 et début 80 (référence évidente au travail sonore de Blow Out de Brian De Palma), cette histoire d’enquête sur le contenu des bandes audios d’un vol commercial Paris-Dubaï a juste assez de fausses pistes pour nous garder en haleine. Et Pierre Niney nous offre l’une de ces meilleures performances, bien loin de celle générique dans l’ennuyant Amants de Nicole Garcia.

Le dernier voyage de Romain Quirot
À voir en ligne

Du cinéma de science-fiction tout droit sorti de l’Hexagone? Oui, ça se peut! Et Romain Quirot se débrouille plutôt bien pour son premier long métrage, inspiré de l’un de ses courts. Sans révolutionner le genre, Quirot ose mettre de l’avant un anti-héros qui erre et se questionne, plutôt que de nous proposer un mâle alpha à l’égo démesuré. Visuellement hypnotique, très conscient de piger aussi dans le western, Le dernier voyage confirme qu’il faudra garder un œil sur Romain Quirot, un peu comme nous savions très bien que Jean-Pierre Jeunet se démarquerait après son Delicatessen.

Rien à foutre de Emmanuel Marre & Julie Lecoustre
En attente d’un distributeur

Premier long métrage prometteur du duo des Français Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, Rien à foutre a un titre révélateur, se jouant des codes entre le drame et la comédie, entre la fiction et le documentaire. Mais c’est parfois problématique au niveau du ton, le spectateur ne sachant pas trop sur quel pied danser. Heureusement, il y a Adèle Exarchopoulos qui a tout compris, telle une funambule au-dessus de la mêlée, elle navigue entre ciel et terre sans jamais perdre l’équilibre.

Rouge de Farid Bentoumi
À voir en ligne

Deuxième long métrage du réalisateur franco-algérien Farid Bentoumi, Rouge est un drame environnemental honnête, un peu prévisible, mais qui s’en tire bien grâce à son actrice Zita Hanrot. Découverte dans l’excellent Fatima, Hanrot nous embarque dans sa quête, sans jamais que nous remettions en question sa démarche tellement elle est convaincante. La construction du récit est efficace, avec une fin qui évite habillement le happy end. Un peu comme le récent Dark Waters de Todd Haynes, Rouge est satisfaisant, mais il manque un je-ne-sais-quoi pour que le film soit mémorable.

Serre-moi fort de Mathieu Amalric
En attente d’un distributeur

Tranquillement, mais sûrement, Mathieu Amalric est en train de devenir l’une des plus belles voix du cinéma français. Après le sublime Barbara, Amalric nous propose un récit déconstruit et organique, sur une femme qui décide (ou pas) de s’éloigner de son mari et de ses deux enfants. Menée par une Vicky Krieps bouleversante et tellement juste, Serre-moi fort porte bien son titre, le genre d’œuvre très puissante à chérir longtemps et à partager avec seulement ceux qu’on aime.

Seules les bêtes de Dominik Moll
En salle dès le 26 novembre

Avec deux comédiens déjà habitués aux Cévennes (Damien Bonnard dans Rester vertical et Laure Calamy dans Antoinette dans les Cévennes), Dominik Moll nous plonge dans sa nouvelle intrigue au cœur de cette région la moins densément peuplée de France. Raconté en trois temps, Seules les bêtes démarre sur des émotions vives, s’essouffle avec un récit outre-mer, et tente de tout ficeler maladroitement dans le dernier tiers. En voulant trop en faire, le cinéaste de l’inoubliable Harry, un ami qui vous veut du bien peine à nous convaincre et nous laisse sur notre faim.

Vedette de Claudine Bories & Patrice Chagnard
À voir en ligne

Il y a des synchronicités surprenantes dans le monde cinématographique. Au même moment où Cow sera présenté aux RIDM, de la réputée cinéaste britannique Andrea Arnold, le public de Cinémania découvrira le très attachant Vedette du duo Claudine Bories et Patrice Chagnard. Si le premier documentaire met en scène une vache digne de l’univers de la réalisatrice derrière Red Road et American Honey, nous montrant la déshumanisation de l’extraction du lait dans les imposantes fermes laitières, Vedette est davantage un portrait joyeux d’une vache de combat qui semble s’épanouir au pied des alpes françaises. Une belle surprise attachante et réjouissante.

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