En couverture

[ Nouveaux films dans les cinémas ] Semaine du 19 au 25 avril 2019

18 avril 2019

AVIS
Les textes sont publiés le plus rapidement possible au fur et à mesure que les films sont vus. Veuillez noter que certaines bandes-annonces de films étrangers ne sont pas sous-titrées.

| EN SALLE À MONTRÉAL 16 |

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[ COUP de CŒUR ]

« Prix de la FIPRESCI »
Festival de San Sebastián 2018
HIGH LIFE
Claire Denis Suite

Scènes de la vie conjugale

15 avril 2019

Critique
| SCÈNE |
Élie Castiel

★★★★

L’INTIME ET L’IMMUABLE

Deuxième adaptation, en 2019, d’une œuvre de Bergman. Après le très remarqué Fanny et Alexandre, au TDP, Scènes de la vie conjugale (d’abord une télésérie, puis un film pour le grand écran) prend le risque de la scène au 4’sous, parmi les salles intimes théâtrales de la métropole. Un espace dramaturgique plus grand que nature qui s’impose comme si, quelle que soit la pièce montée, ne laisse jamais le spectateur sur sa faim. Suite

Ombre Eurydice parle

Critique
| SCÈNE |
Élie Castiel

★★★ ½

SEULS RESTENT LES MOTS

Au Québec, dans le domaine théâtral, le futur sera majoritairement femme si on en juge par l’ascension fulgurante des personnages et des auteures – oui, selon mes recherches, le féminin d’auteur sous cette appellation est accepté – féminines dans le domaine de la création. Encore du travail à faire, mais le vent ne cesser de tourner, et dans la bonne direction. Et c’est tant mieux!

Crédit photo : © Marie-Noël Pilon

D’autre part, les mythes grecs n’ont jamais étaient aussi présents qu’aujourd’hui, parce que classiques, éternels, puisant aux sources mêmes de l’humanité, de son devenir, de son rapport aux Dieux et aux individus. Dans l’écrit de l’Autrichienne Elfriede Jelinek, trois Eurydice, « celle qui fuit » (selon le programme), ou autrement dit interroge un présent empreint d’obstacles, de faux parcours, de retenues, tenant des paroles perçantes écrites par une plume qui déconstruit le système même de la pensée. Il y a aussi « celle qui écrit », alter ego sans doute de Jelinek. Et « celle qui arrache », s’adressant à un moment aux spectateurs et spectatrices pour recueillir finalement une réaction complice.

Trinité d’un même personnage-femme, trois générations qui se fondent en une, la femme. Et Orphée dans cette histoire? Un chanteur rock nourri des mythes fondateurs de sa profession. Quoi dire de plus? Puis une mise en scène signée Louis-Karl Tremblay, face à un texte puissant, abstrait, quasi surréaliste favorisant des situations proches de la chorégraphie, sommant les protagonistes à revoir les codes scéniques du comportement, de la gestuelle et de la voix. Le mythe grec et une descente aux enfers romantique, un amour déchu, une histoire quasi inventée pour dire l’affect dans le sens hellénique, car tout ne peut se dire ouvertement.\

Le décor, trois emplacements, et une porte en haut à la droite de la scène arrière comme lieu de concert d’Orphée, entrouverte. Le reste, une pièce qui résiste au courant traditionnel en transformant l’expérience théâtrale en quelque chose sorti de l’inconscient. Magnifiquement abstrait. Philosophique.

Et Orphée dans cette histoire? Un chanteur rock nourri des mythes fondateurs de sa profession. Quoi dire de plus?

Auteure : Elfriede Jelinek – Traduction : Sophie Andrée Herr, d’après Schatten (Eurydike sagt) – Mise en scène : Louis-Karl Tremblay – Assistance à la mise en scène : Mathieu Leroux –Éclairages / Vidéo : Robin Kittel-Ouimet Scénographie / Costumes : Karine Galarneau – Musique  : Steve Lalonde – Soutien chorégraphique : Marilyn Daoust – Distribution : Stéphanie Cardi, Macha Grenon, Louise Bédard, Pierre Kwenders – Prod. : Théâtre Point d’Orgue / Théâtre Prospero.

Durée
1 h 10

(Sans entracte)

Représentations
Jusqu’au 27 avril 2019
@ Théâtre Prospero
(Grande salle).

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

[ Nouveaux films dans les cinémas ] Semaine du 12 au 18 avril 2019

Avis
Les textes sont publiés le plus rapidement possible au fur et à mesure que les films sont vus.

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| EN SALLE À MONTRÉAL – 15 |

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[ COUP DE CŒUR ]
« Prix de la FIPRESCI »
La Mostra de Venise 2018
SUNSET
László Nemes

[ EN BREF ]
L’empereur de Paris
Jean-François Richet

Stockholm
Robert Budreau

The Best of Enemies
Robin Bissell

Ville Neuve
Félix Dufour Laperrière

  

  

[ SANS
COMMENTAIRES ]
After
Jenny Cage

Hellboy
Neil Marshall

L’Islam de mon enfance
Nadia Zouaoui

Little
Joshua Aaron Stringer
Tina Gordon Chism

Manje Bistre 2
Baljit Singh Deo

Master Z: Ip Man Legacy
Yuen Woo-Ping

Mia et le lion blanc
Gilles de Maistre

Missing Link
Chris Butler

[ PRÉ-SORTIES ]
Mercredi 17 avril 2019

Kalank
Abhishek Varman
V.o. : hindi / s.-t.a.
Stigma

Penguins
Alistair Fothergill
Jeff Wilson
V.o. : anglais / Version française
Pinguins

Jeudi 18 avril 2019

Breakthrough
Roxann Dawson
V.o. : anglais

The Curse of La Llorona
Michael Chavez
V.o. : anglais / Version française
La malédiction de Llorona

Info. @
Cineplex

Fiches détailées
Semaine du 19 au 25 avril 2019

Séquences

[ Nouveaux films dans les cinémas ] Semaine du 5 au 11 avril 2019

4 avril 2019

Avis
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| EN SALLE À MONTRÉAL14 |

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[ LE FILM DE LA SEMAINE ]
« Grand prix du jury  »
Berlinale 2019
GRÂCE À DIEU
François Ozon

[ CRITIQUES ]
Carmine Street Guitars
Ron Mann

 

Mad Dog Labine
Jonathan Beaulieu Cyr

Un amour impossible
Catherine Corsini

 

[ SANS COMMENTAIRES ]
P Storm
David Lam

Pet Sematary
Kevin Kölsch
Dennis Widmyer

Romeo Akbar Walter
Robbie Grewal

Shazam !
David F. Sandberg

Yaara Ve
Rakesh Mehta

[ PRÉ-SORTIES ]
Jeudi 11 avril 2019
Info. @
Cineplex

Hell Boy
Neil Marshall
V.o. : anglais / Version française
Hell Boy

Little
Tina Gordon Chism
V.o. : anglais / Version française
Petite

Manje Bistre 2
Baljit Singh Deo
V.o. : penjabi / s.-t.a.
Beds and Bedding 2 / Cots and Mattresses 2

Détails
Semaine du 12 au 18 avril 2019

Exarcheia, le chant des oiseaux

| Festival du cinéma grec de Montréal 2019 |

Élie Castiel

À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

Il n’est guère surprenant que l’essai poétique de Nadine Gomez débute par une citation de la politologue et philosophe germano-américaine Hannah Arendt, elle-même influencée par les écrits, entre autres, d’Aristote. Une phrase simple, mais de profonde portée « Nous humanisons ce qui se passe dans le monde et en nous, uniquement en en parlant, et, dans ce parler, nous apprenons à être humains… » Et puis, une entrée en matière, complainte d’une jeune femme en rapport à la disparition d’un être cher qui saura boucler le film avec la présence d’un homme qui se dirige vers un horizon incertain. Le monde, ainsi vu, par le biais d’une cité fondatrice, Athènes, là où tout a commencé, ville-emblème de cette civilisation occidentale qui, de nos jours, et à très grande vitesse, renvoit à la fin d’une conscience millénaire et le début d’une autre, inconnue, difficile à déchiffrer parce que nue, résistant à tout acte d’agression constructive qui consiste à enlever les masques déconcertants afin que nous puissions savoir où nous nous dirigeons.

Entre ces deux séquences émotives, la souffrance d’une femme devant la mort et le chagrin d’un homme pour son fils, en prison, un quartier de la ville des Dieux présenté comme un monde à part, Exarcheia, là où en 2008, des manifestations ont eu lieu en hommage à Alexandros Grigoropoulos, un adolescent de 15 ans tué par un agent de police d’Athènes, acte à peine évoqué dans le très beau film de 2011, Wasted Youth (qu’on pourrait traduire simplement par Jeunesse perdue), d’Argyris Papadimitropoulos et Jan Vogel.

Et puis, une échappée nocturne dans ce quartier pris entre la tourmente de la crise économique et l’obsession d’une réappropriation d’une âme grecque perdue. Comme décors, des murs remplis de graffitis, pour la plupart en grec, mais certains en anglais ou autres. Qu’importe. Revendicateurs, héroïques, provocateurs, pour faire réagir, pour simplement déconner, et pourquoi pas.

Et des individus choisis par Nadine Gomez qui parlent de leurs vies, leurs envies, le vide de l’existence. Serveuse de bars sans vraiment de clients, troupe d’un théâtre de fortune où l’art dramatique devient arme de résistance, spectateurs qui tentent d’oublier un présent rempli de larmes et sans promesses.

Et bien entendu, on parle aussi d’Alexis Tsípras, celui qui a tant promis et rien livré, à l’intérieur d’une Union européenne dominée par les Grands. Exarcheia, c’est aussi le quartier de prostituées (ici représentées par un transgenre ou peut-être travesti d’une beauté radieuse et qui a des choses intéressantes à dire), de flâneurs, de jeunes en short « ¾ » noirs qui foutent le bordel ou se comportent mal à juste titre, et de groupes de Heavy Metal qui se révoltent ou jouent leur musique pour de bonnes et parfois de mauvaises raisons.

Il fut un temps au 20e siècle où les Grecs quittaient leur pays pour un meilleur avenir à l’étranger. Aujourd’hui, le pays accueille (ou essaie) ceux et celles venu(es) de ce qu’on appelait jadis tiers-monde. Ce qu’on constate de plus émouvant dans Exarcheia, c’est le cri d’alarme lancé, des larmes de souffrance sans faire de bruit, celles de voir une civilisation disparaître devant la fausse pluralité du monde d’aujourd’hui, un pays sans réformes qui se laissent noyer. Racistes, xénophobes, les Grecs? Peut-être bien que oui ou peut-être bien que non? Mais une chose est claire : cet endroit du monde veut revivre.

Le film de Gomez ne le clame pas à haute voix, mais on le comprend entre chaque parole prononcée. Athènes est « une beauté blessée » dira une des interlocutrices. Elle respire sans exister, par accoutumance et non plus par fierté. La force du film réside aussi dans le choix des intervenants, des individus quasiment fantomatiques qui, pris dans la pénombre des nuits d’étés, déambulent dans ce quartier en ne sachant plus où se diriger.

C’est un film triste, bouleversant, déchirant, mais qui aborde aussi le thème si important de nos jours, la communication, l’oralité, le rapprochement vers l’autre. C’est filmé la nuit dans de couleurs chaudes, cadrant les moments et les personnages non pas en les épiant mais en les suivant dans leurs quêtes utopiques.

Exarcheia, un endroit particulier édifiant où l’avenir d’un pays se bâtit par le débat, toutes générations confondues, comme dans la Grèce antique.

Car même les rues, les murs, les immeubles se cherchent, parfois quasi dilapidés par le temps, l’Histoire. Quelques plans du ciel étoilé et de la lune qui n’a pas tiré sa révérence expliquent probablement que les Dieux, possessifs, et particulièrement Athéna, jalouse, ont abandonné cette partie de la ville, voire même sa ville, laissée à ceux qui n’ont plus rien, qui vivent le système de la débrouille et qui survivent par la parole et les gestes. Ils n’ont rien perdu de leur intelligence. Justement, ce plan final déjà évoqué qui sous-tend que la Grèce ne peut être sauvée qu’en revendiquant et en mettant en pratique les préceptes moraux et démocratiques de son ancienne civilisation.

C’est sans doute ce qu’a voulu dire une Nadine Gomez lucide, humaniste, utilisant le cinéma comme outil de conscientisation sociale et politique, revendiquant dans le même temps des préoccupations d’ordre esthétique. Comme s’il fallait récupérer le temps perdu depuis des siècles. Exarcheia, un endroit particulier édifiant où l’avenir d’un pays se bâtit par le débat, toutes générations confondues, comme dans la Grèce antique.

Crédit photos :  © Les Films du 3 mars

Kid Pivot

Critique
[ DANSE ]
Élie Castiel

★ ★ ★ ★

LA TYRANNIE DE LA PERFECTION

Il a été beaucoup question du vocable « tyrannie » dans la rencontre avec l’équipe à la suite du spectacle. L’excellente explication de Crystal Pite suffisait. La grande Dame de la danse moderne fut claire, précise, ne jouant pas avec les mots, situant la danse, quelle qu’elle soit, dans un registre savamment contrôlé qui se permet le plus souvent des élans de rapports de force. C’est ainsi que se créent les chorégraphies les plus électrisantes.

Soirée de Première inoubliable sous le signe de la création dans sa forme la plus absolue. Une anecdote sous l’Empire du tsar de Russie devient pièce de théâtre avec tout ce que cela implique. On ne vous ennuiera pas avec des détails afin que vous puissiez savourer ce spectacle haut en couleurs. Suite

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