14 septembre 2018
Nous l’attendions avec impatience puisque les classiques grecs ne sont pas monnaie courante dans le théâtre québécois par les temps qui courent et que l’Espace Go inspire surtout par ses nouvelles créations.
Et puis, un texte original de Martin Crimp d’après Les Phéniciennes d’Euripide, traduit en québécois et mis en scène par Christian Lapointe. Un Lapointe en plein délire où les cris fusent de partout avec, parfois, quelques secondes d’accalmie au cours desquelles autant les comédiens que les spectateurs peuvent respirer.
Nous sommes devant un spectacle fourre-tout où les règles du drame antique sont déconstruites selon une perspective actuelle, proche du Québec contemporain. Autant de signes identitaires, témoignages d’une deuxième décennie du 21e siècle annonçant une troisième avec un grand point d’interrogation.
13 septembre 2018
AVIS AUX CINÉPHILES
DÛ AU NOMBRE INSUFFISANT DE COLLABORATEURS, LES TEXTES CRITIQUES POURRAIENT AVOIR DES RETARDS DE PUBLICATION, MÊME SI NOUS FAISONS DE NOTRE MIEUX POUR L’ÉVITER.
Il arrive que certains films ne soient pas présentés toute la semaine, particulièrement dans les salles indépendantes. Consultez les horaires quotidiens, ceux-ci pouvant changer d’un jour à l’autre.
Veuillez noter que certaines bandes-annonces de films étrangers ne sont pas sous-titrées.
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12 septembre 2018
Ce n’est guère surprenant que L’art de la chute ait reçu l’an dernier de nombreux prix, dont ceux du Meilleur texte et du Meilleur spectacle décernés par l’AQCT (Association québécoise des critiques de théâtre / Section Québec).
Avant tout, ce brûlot politico-socio-économique est non seulement un portrait au vitriol entre l’art et la vie, entre l’art et la politique, entre l’économie et l’État, mais se veut aussi le tableau d’une société où sexe et argent vont de pair. Où tout se décide selon les circonstances du moment. Bizarrement, on pense en cours de route au Denys Arcand du récent La chute de l’empire américain, pour ses fausses promesses, ses trahisons, ses doubles tours, ses ambivalences, portrait d’une société occidentale où rien ne va plus et se gère selon la loi des puissants.
Septembre 2008. Alice Leblanc, artiste québécoise d’art moderne, effectue une résidence à Londres, d’où le caractère bilingue de l’œuvre, que les concepteurs ont eu la bonne idée de sous-titrer en français lorsque l’anglais a droit de cité. Pièce contemporaine qui va dans tous les sens, idéologique même si certaines vérités, notamment en ce qui a trait aux véritables raisons pour lesquelles la débâcle économique s’est produite, avec les conséquences qu’elle a entraînées, sont plus ou moins négligées. À qui la faute ? Mais bon.
Disons-le sans ambages. Ici, au Québec, nous avons un des lieux les plus créatifs au monde en ce qui a trait au théâtre. La scène québécoise est un univers à part, et ses créateurs n’ont jamais été aussi lucides sur l’état de la condition humaine.
La recherche, la documentation, l’état d’esprit d’une certaine époque pas si lointaine qui se vit encore aujourd’hui, un début de 21e siècle propulsé par le pouvoir des rangs, de l’(ir)respectabilité et de l’argent. Les créateurs de cette pièce révolutionnaire l’ont sagement compris. Une époque où l’art contemporain produit des œuvres au diapason de la société. Le message n’est plus, mais plutôt une représentation de l’état des lieux d’une société qui ne sait pas trop bien où elle se dirige et dont les représentants n’ont absolument aucune idée de quoi seront composées les prochaines décennies. Le vocable « durable » perd ainsi tout son sens.
Écriture collective, pièce à conviction, étude de mœurs. Tout est là : les puissants lobbies encanteurs comme Sothebys, les appartements de luxe qu’on achète ou on loue avec de l’argent gagné inconvenablement. Des histoires d’amour aussi, hétéros aussi bien que lesbiennes. Everything goes ! En fait, l’histoire d’amour (ou presque) entre les deux femmes semble, à première vue, la plus respectable dans L’art de la chute, même si…
Qu’il s’agisse de Danielle Saux-Farmer, Marianne Marceau, Jean-Michel Girouard, Simon Lepage et les autres, toutes les comédiennes et tous les comédiens diffusent un amour de la scène (dont un Jean-Michel Girouard déchaîné, imbattable, pleine de bruit et de fureur, mais calme et serein lorsqu’il s’agit de négocier, une féroce bête de scène avec qui on tombe intellectuellement « en amour »), une étrange relation avec le public (les spectateurs) qui confond allègrement rêve et réalité et s’enfonce dans une réflexion sur sa propre nature d’individu dans la cité.
Le temps du spectacle devient pendant ces minutes le sacro-saint sanctuaire où le laïc se transforme en quête vers le profit. L’humain est un produit comme n’importe quel autre. C’est triste, mais nous sortons de cette soirée le cœur gros comme ça, mais épatés, séduits par cette magie qui opère lorsque l’argent se mêle aussi à la chair, au sexe, aux rapports humains, à tout.
L’art de la chute, c’est aussi l’art de survivre dans le monde d’aujourd’hui, de se dire que ce n’est pas si grave que ça malgré tout. Hallucinant, poétique, électrisant et, n’hésitons pas à le dire,… vachement sexy.
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Texte
Jean-Philippe Joubert
Mise en scène
Jean-Philippe Joubert
Conception
Josué Beaucage, Jean-Philippe Côté
Marc Doucet, Claudia Gendreau
Maude Groleau, Valérie Laroche
Caroline Martin
Distribution (et écriture)
Jean Michel Girouard, Simon Lepage
Danielle Saux-Farmer, Marianne Marceau
Pascale Renaud-Hébert
Écriture additionnelle
Véronique Côté
Olivier Normand
Production
Nuages en pantalon
[Compagnie de création]
Co-diffusion
La Manufacture
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Durée
2 h 40 approx.
(Incl. entracte)
Représentations
Jusqu’au 19 septembre 2018
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]
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10 septembre 2018
DUCEPPE, sous la gouverne de nouveaux jeunes dirigeants, entame la saison 2018-2019 sous le signe de la politique. Plus que tout autre conflit mondial, l’israélo-palestinien est celui qui soulève le plus de passion; la raison : bien simple, car les trois confessions monothéistes sont les protagonistes de ce conflit multidimensionnel, englobant territoire, religion, identitaire et, peu évoqué, pouvoir économique. Sans oublier la mainmise par les États-Unis d’Amérique.
Deux films en tamoul, sous-titrés, longs métrages canadiens inédits ici, 1999 (2009) et A Gun & a Ring (2013). Comme quoi l’intégration des différentes communautés au sein du Canada anglophone demeure intacte et bienvenue. Genre « action », les deux précédents films de Lenin M. Sivam, né au Sri Lanka, laissent la place à un thème actuel qui ne laisse guère indifférent, le transgendérisme, remettant en question les codes fondamentaux de la sexualité et dans le même temps débarrassant l’individu de tout état de culpabilité et de dette envers la société.
9 septembre 2018
Il y a d’abord un réalisateur. Singulier, passant du sport au cinéma, manipulant aussi bien le corps que la caméra. Entre les deux, une symbiose qui impose deux disciplines côte à côte. À l’écran, elle s’exprime par la présence de Nils Oliveto, autodidacte et qui n’a point besoin des institutions pour tourner. En quelque sorte, un pro.
Ses origines italo-françaises le placent dans une situation autre, notamment ici où le protectionnisme culturel s’exprime de mille et une façons. Il se débrouille… et cette année, à la 42e édition du Festival des films du monde de Montréal – totalement boudé par les critiques en ce qui a trait à la couverture des films; pourtant de nombreux étaient excellents et signés, pour la grande part, par de jeunes auteurs – Icelander a reçu le Second prix du meilleur documentaire. Et pour cause.
6 septembre 2018
AVIS AUX CINÉPHILES
DÛ AU NOMBRE INSUFFISANT DE COLLABORATEURS, LES TEXTES CRITIQUES POURRAIENT AVOIR DES RETARDS DE PUBLICATION, MÊME SI NOUS FAISONS DE NOTRE MIEUX POUR L’ÉVITER.
Il arrive que certains films ne soient pas présentés toute la semaine, particulièrement dans les salles indépendantes. Consultez les horaires quotidiens, ceux-ci pouvant changer d’un jour à l’autre.
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