En couverture

Semaine du 18 au 24 mai 2018

17 mai 2018

AVIS AUX CINÉPHILES
Il arrive parfois que certains films ne soient pas présentés toute la semaine, particulièrement dans les salles indépendantes. Consultez les horaires quotidiens, ceux-ci pouvant changer d’un jour à l’autre.

Dû à des facteurs hors de notre contrôle, les textes critiques, incluant le « Coup de cœur » et/ou « Le film de la semaine » (désignations selon les sorties), pourraient enregistrer des retards même si nous mettons tous nos efforts pour l’éviter.

Veuillez noter que certaines bandes-annonces de films étrangers ne sont pas sous-titrées.

 

| EN SALLE À MONTRÉAL |

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 COUP DE CŒUR
DISOBEDIENCE
Sebastián Lelio

Suite

Les chaises

14 mai 2018

Critique SCÈNE
| Élie Castiel |

★★★★ ½

L’INSOUTENABLE FRAGILITÉ DE L’ÊTRE

Le théâtre de l’absurde est comme celui de la vie, imaginaire puisque trop illusoire, et composé de protagonistes face à une finitude cruelle et imminente. En effet, Les chaises, pièce écrite en 1952, à peine quelques années après la Seconde Guerre mondiale, avec l’esprit des survivants d’une europanéité encore traumatisée par une apocalypse presque planétaire et qui subsiste malgré tout. Aujourd’hui, 65 ans plus tard, montée au TNM, on ressent encore la puissance d’évocation d’une écriture incomparable où les paroles prononcées expriment le terrible désarroi de l’individu devant une société qui n’a rien compris.

Se promettre des châteaux en Espagne tout en sachant que rien ne se réalisera, donner espoir à des personnes qu’on imagine, tout en sachant qu’en est soi-même perdu, inventer des chaises pour les accueillir dans un lieu de tous les possibles; les deux protagonistes, simples fantômes de l’imaginaire, seuls dans leur royaume. Inventer une salle de conférence ou de théâtre où le Grand dirigeant du pays fera un discours qui ne se fera pas.

La folie, c’est de cela que traite Eugène Ionesco, mais un égarement doux, candide, enfantin, en cadre frontal face à un monde incompréhensible qui se doit d’être apprivoisé, ne serait-ce que pour que l’individu ne périsse dans l’ignorance.

Crédit photo : © Yves Renaud

Suite

Trahison

13 mai 2018

Critique SCÈNE
| Élie Castiel |

★★★ ½

AIMER À PERDRE LA RAISON

Durant sa jeunesse, l’auteur [Harold Pinter] a été confronté au chômage, à la misère, au racisme et à l’antisémitisme qui sévissaient au Royaume-Uni à l’aube de la Seconde Guerre mondiale (Wikipédia). Nul doute que cela laisse des traces sur lui, l’homme, l’écrivain, et alimente son combat pour le droit des hommes, le situant dans une double appartenance dans les milieux culturel, littéraire et politique qui, malgré certaines apparences, connaissent leur lot de médisances, toutes époques et lieux confondus.

Au Trahisons multiple d’Éric Kahane, pour la France, Maryse Warda lui enlève le caractère pluriel comme si le trio amoureux ne formait qu’une seule personne dans la pièce. Caractéristique qu’a très bien assimilée Frédéric Blanchette dans une mise en scène qui dépasse le minimalisme, nue, vierge, se prêtant au jeu de quelques déplacements d’objets et de lumières apaisantes et parfois obscures pour maintenir le propos.

Crédit photo : © David Ospina

Suite

Semaine du 11 au 17 mai 2018

11 mai 2018

AVIS AUX CINÉPHILES

Il arrive parfois que certains films ne soient pas présentés toute la semaine, particulièrement dans les salles indépendantes. Consultez les horaires quotidiens, ceux-ci pouvant changer d’un jour à l’autre.

 Dû à des facteurs hors de notre contrôle, les textes critiques, incluant le « Coup de cœur » et/ou « Le film de la semaine » (désignations selon les sorties), pourraient enregistrer des retards même si nous mettons tous nos efforts pour l’éviter.

Veuillez noter que certaines bandes-annonces de films étrangers ne sont pas sous-titrées.

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LE FILM DE LA SEMAINE
LE REDOUTABLE
Michel Hazanavicius

Suite

Shalom Montreal

10 mai 2018

EXPOSITION
| Élie Castiel |

Exils en la demeure

C’est la particularité de toutes les communautés autres que de s’afficher de temps en temps, question d’affirmer qu’elles existent. Pour d’autres raisons aussi : ne pas disparaître et oublier ses racines, ne pas se perdre dans la foule anonyme, dissiper tout doute de malentendus, envisager le présent et l’avenir dans une perspective universelle, tout en prenant conscience d’un exil souvent forcé. Et pour cause !

L’exposition Shalom Montréal… Histoires et contributions de la communauté juive traduit en quelque sorte cette saga qui se perd dans la nuit des temps, à partir de laquelle est né un Christianisme souverain, tantôt protecteur, mais souvent mal informé. Et pourtant, pour cette communauté en particulier, une histoire de malheureuses assimilations, de mille et une façons de réussir à survivre, d’un État proclamé dans un petit bout de territoire dans le monde… et qui coûte énormément cher. Des sentences de plusieurs états du monde libre (ou pas). Cause pour un nouvel antisémitisme qui ne date pas d’hier, changeant de peau, plus viscéral, narquois, rusé.

Et une exposition. Pour quelles raisons ? Calmer les esprits, reconnaître que la mouvance juive n’est pas si mauvaise que ça après tout et que la corruption, la trahison, les mauvais coups, même les plus bas, tous ces maux sociaux et politiques sont universels et non pas associés à un groupe en particulier. Suite

The Cakemaker (Haofe me Berlin)

4 mai 2018

Dans le cadre du Festival du film israélien de Montréal – 2018
| Julie Vaillancourt |

★★★  ½

Amours cachées, vices kasher

Pour son premier long-métrage, le scénariste et réalisateur israélien Ofir Raul Graizer relate l’histoire de Thomas, un jeune Berlinois doué pour la pâtisserie, qui voyage à Jérusalem dans l’espoir de rencontrer la femme et le fils de son défunt amant. The Cakemaker nous plonge au cœur du deuil, celui vécu par deux individus, où leurs vies, jadis parallèles, se rencontrent. Pourtant très différents, Thomas et Anat se rapprochent, du fait de leur amour pour feu Moti et la solitude liée au deuil, sans oublier les cafés et les pâtisseries. Leur amour mutuel ira au-delà des étiquettes… C’est d’ailleurs la force du film qui transcende les discours plus moralisateurs sur l’orientation sexuelle et la religion (homosexualité vs judaïsme), pour se positionner dans une vision plus humaniste et universelle des rapports affectifs. L’Amour avec un grand A, celui qui pardonne. Celui qui n’efface pas le deuil de l’être cher, mais qui le rend éternel. Suite

Sutra

Critique DANSE
| Élie Castiel |

★★★★

Le tourbillon magnétique de Cherkaoui

Magique, surprenant, du jamais vu, quelque chose qui a à voir avec la danse et les arts martiaux. Mais cela n’empêche pas les moines du Temple Shaolin, dont un gamin époustouflant, d’un charme irrésistible, d’un professionnalisme à toute épreuve, de conserver une élégance dans leurs gestes et leurs mouvements, sans compter sur leur sens inné de l’humour.

Sutra, c’est en quelque sorte, la virilité « revue et corrigée », remise au goût du jour, selon une nouvelle approche de la vie. La femme est absente, car il s’agit ici d’une mise en perspective de la condition masculine. Tout au long du spectacle, l’émotion est vive, l’esprit libre de toutes contraintes, l’enthousiasme souverain. C’est engageant, spirituel, vif et enjoué.

La mise en scène, parfaitement symétrique, montre un décor de boîtes rectangulaires faites de bois où les danseurs s’infiltrent, essayant de trouver refuge contre un extérieur qu’ils parviennent pourtant à contrôler. Des extérieurs faits de nuances de gris, mais où l’anarchie semble régner. Pour les spectateurs, toutefois, un régal pour les yeux.

Tout au long du spectacle, l’émotion est vive, l’esprit
libre de toutes contraintes, l’enthousiasme souverain.
C’est engageant, spirituel, vif et enjoué.

Des entrées et des sorties pour raconter un monde actuel plongé dans le chaos idéologique, dans les nationalismes opportunistes, dans le racisme aussi, mais que Sidi Larbi Cherkaoui, poète de la danse moderne, attaque par le biais de la chorégraphie, du rapprochement des corps et par le choix musical de Szymon Brzóska, ici, proposant des tonalités agréablement minimalistes qui joignent, par bouts, des connotations plus énergiques, où les percussions dominent pour ensuite redonner la place à des sons plus sereins.

Entre Kung-fu et danse moderne, Sutra s’attire les meilleurs éloges, ce qui veut beaucoup dire dans un monde où culture veut souvent dire « éclectisme ». Sidi Larbi Cherkaoui prouve le contraire en invitant tous à entrer par la grande porte, hospitalière. Pour Danse Danse, une fin de saison 2017-2018 dignement mémorable.

 

Ali Thabet et les Moines du Temple Shaolin (Credit photo : © Andrée Lanthier)

 

SUTRA
Chorégraphie : Sidi Larbi Cherkaoui – Assistant chorégraphe : Ali Thabet, en collaboration avec Satoshi Kudo, Damien Fournier, Damien Jalet – Création plastique : Antony Gormley – Musique : Szymon Brzóska – Conseillers dramatugiques : Lou Cope, An-Marie Lambrechts – Éclairages : Adam Carré – Interprètes : Ali Thabet et les Moines du Temple Shaolin – Production : Sadler’s Wells –Diffusion : Danse Danse.

Représentations
Les 4, 5, 8 et 9 mai 2018 / 20 h
Place des Arts
(Théâtre Maisonneuve)

Durée
1 h 10 (sans entracte)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]

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