3 mai 2018
AVIS AUX CINÉPHILES
Il arrive parfois que certains films ne soient pas présentés toute la semaine, particulièrement dans les salles indépendantes. Consultez les horaires quotidiens, ceux-ci pouvant changer d’un jour à l’autre.
Dû à des facteurs hors de notre contrôle, les textes critiques, incluant le « Coup de cœur » et/ou « Le film de la semaine » (désignations selon les sorties), pourraient enregistrer des retards même si nous mettons tous nos efforts pour l’éviter.
Veuillez noter que certaines bandes-annonces de films étrangers ne sont pas sous-titrées.
2 mai 2018
… Autrement dit, en français, « Répétition d’orchestre », à partir du film du grand Federico Fellini. Car cette première médiatique dans la Salle de concert Bourgie reflétait en quelque sorte l’esprit du maestro italien du 7e art. Par ailleurs, avec un nom comme Coppola, difficile de ne pas s’investir à fond dans ce que le chef invité Lorenzo Coppola a à offrir.
Articulé, ne présentant le programme que dans la langue de Molière (c’est bien ainsi), il donne un cours fort sympathique sur la commedia dell’arte et sur l’importance de la musique classique dans nos vies. Belles paroles qui mettent les spectateurs à l’aise. Car Coppola, l’homme de musique, a un profond respect pour le public, et son discours lyrique est en pleine harmonie avec l’époque dont il parle. Mozart et Haydn sont ses deux points d’attache. Il démistifie ces légendes de la musique et en les situant terre à terre, ne fait qu’anoblir ce genre tant contesté aujourd’hui. Suite
29 avril 2018
Une plume géométrique et essentielle, jonglant avec la langue française comme si chaque mot était nouveau, à découvrir, et les plus simples, les plus rébarbatifs, que la dramaturge-comédienne Evelyne de la Chenelière rend aussi puissants qu’engageants. D’emblée, La vie utile est une pièce sur les mots, sur leur importance dans notre ADN, car ils font partie de notre existence, sans qui le rapport à l’autre peut sembler inexistant.
Et les silences, eux aussi, parlent, mais dans une langue autre, un dialecte singulier rendu admirablement bien par la mise en scène captivante de Marie Brassard, cérémoniale et magnifiquement surréaliste, garante d’une plastique scénique naviguant entre le rêve et la réalité, entre le clair et le diaphane. Plus proche du songe, en fait, plaçant le spectateur dans une zone d’inconfort majestueux qui lui donne la sensation de se retrouver dans un navire en pleine tempête, alors que dans ce jardin de l’Éden faussement écologique, la sérénité calme n’est que pure illusion. Suite
27 avril 2018
Cette rencontre avec Jean Beaudry est réalisée à l’occasion de la sortie de son moyen métrage documentaire, François Barbeau : Créateur de costumes. Réalisateur discret, Beaudry appartient à cette génération que le cinéma semble avoir oublié. La relève préoccupe tellement les décideurs que ceux qui ont compté doivent prier les cieux pour continuer un métier qui leur tient à cœur. Quelque chose est claire : pour un petit pays comme le Québec, en matière de culture, l’offre est considérablement supérieure à la demande. Un nouveau projet culturel est essentiel. En attendant, nous avons posé quelques questions à un Jean Beaudry, toujours accueillant, comme au premier jour. Suite
Les artisans de l’ombre sont ceux et celles dont on ne parle presque jamais, pour ne pas dire « jamais », car dans tout art de la représentation, l’intérêt repose principalement sur les réalisateurs, les comédiens, les compositeurs, quand la musique est intéressante… bref, tous ces noms qui attirent le grand public. Mais il y aussi une équipe qu’on ne voit jamais, les éclairagistes, les régisseurs, les scénographes, les costumiers, les monteurs… ces âmes créatrices derrière les coulisses (ou la caméra) qui, sans elles, le résultat ne serait plus le même.
Le documentaire de Jean Beaudry, cinéaste national plutôt rare, seulement sept films entre 1984 et aujourd’hui, signe ici le portrait d’un artiste exceptionnel, véritable maître de ballet des costumes, pièces centrales dans toutes œuvres qui se respectent, qu’il s’agisse du cinéma, de la danse, de l’opéra ou de la scène.
L’approche télévisuelle est volontairement utilisée. Il s’agit, à mon sens, d’un parti pris en vue de montrer le film au plus grand nombre de spec(télé)tateurs possibles pour finalement démystifier le métier de costumier. Pour en fin de compte parler de ces oubliés d’un système axé sur le vedettariat.
La proposition de Beaudry est de ne pas s’étendre sur le feu qu’animait Barbeau, mais de le voir à l’œuvre (documents d’archives à l’appui). Ses mains de bûcheron des bois caressent pourtant avec une délicate attention les tissus, les costumes, les boutons, les accessoires comme s’il s’agissait de réinventer le monde. Barbeau est dur avec les comédiens, mais ceux-ci lui donnent une confiance aveugle. En fait, c’est, pour eux, un privilège de « se faire habiller » par lui. Pour une raison difficile à expliquer, tout au long de ce moyen métrage documentaire, on se met à penser à Denis Sperdouklis, lui aussi costumier de théâtre qui a également travaillé avec Barbeau.
Cette mise en contexte montre que François Barbeau : créateur de costumes parle en filigrane de tous ceux et celles qui ont compté professionnellement dans la vie de l’artiste. La caméra de Philippe Lavalette et Léna Mill-Reuillard se fait discrète tout en révélant des facettes intéressantes sur le métier; grâce aussi au montage de Mélanie Chicoine, rapide, sans temps morts.
Le résultat est une œuvre qui, loin d’être ambitieuse, joint la simplicité de l’Homme et de l’Artiste derrière la scène. Cette approche souligne l’importance d’un cinéaste comme Jean Beaudry, qui, à l’instar d’autres hommes et femmes de cinéma de sa génération, mérite de tourner plus régulièrement.
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
Réalisateur
Jean Beaudry
Origine : Québec [Canada] – année : 2017 – durée : 51 minutes– avec : Benoît Brière, Micheline Lanctôt, Monique Miller, Lorraine Pintal, Gérard Poirier, Guy Thauvette – dist. : Les Productions Flow.
Horaires & Info.
@ Cinémathèque québécoise
Classement
Tout public
AVIS AUX CINÉPHILES
Il arrive parfois que certains films ne soient pas présentés toute la semaine, particulièrement dans les salles indépendantes. Consultez les horaires quotidiens, ceux-ci pouvant changer d’un jour à l’autre.
Dû à des facteurs hors de notre contrôle, les textes critiques, incluant le « Coup de cœur » et/ou « Le film de la semaine » (désignations selon les sorties), pourraient enregistrer des retards même si nous mettons tous nos efforts pour l’éviter.
Veuillez noter que certaines bandes-annonces de films étrangers ne sont pas sous-titrées.
26 avril 2018
Un texte d’une irrésistible maturité, horizontal, linéaire selon la symétrie de la tragédie grecque. En fait, dès notre entrée dans la salle, nous sommes devant un décor scénique privilégiant le gris et le blanc, minimaliste, précurseur du récit qui nous sera raconté, comme dans le drame ou la tragédie antique.
Et puis un seul personnage qui vit ses derniers moments, face devant l’inévitable finitude, un mortel à qui il ne reste qu’à raconter son Histoire, faite de conquêtes et de constructions, d’amitiés ennemies et de trahisons, d’amours féminines (et masculines, mais malheureusement pas présentes dans le texte, alors que le film d’Oliver Stone sur le Macédonien n’hésitait pas une seconde sur cet aspect non négligeable de sa vie et souvent décrié). Mais la conception de l’homosexualité à cette époque n’était pas la même qu’aujourd’hui. De toute évidence, sa relation amoureuse avec Héphaestion ne peut être placée sous silence.
Quoi qu’il en soit, Le tigre bleu de l’Euphrate est une odyssée grecque, comme dans le cas d’Ulysse, un long et périlleux voyage pour unir l’Occident et l’Orient afin de concevoir le monde à sa façon, au nom de la pérennité. Le texte de Laurent Gaudé sensibilise notre amour de la littérature et des récits en forme de monologues scéniques qui libèrent l’âme et enrichissent l’esprit. Pendant une heure et demie, Emmanuel Schwartz, monumental, grandiose, inégalable, habite le personnage, se pare de ses attributs méditerranéens et évoque l’Égée, la mer de cette partie du monde comme si elle détenait l’avenir de l’Humanité. Suite
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