En couverture

Semaine du 11 au 17 novembre 2016

10 novembre 2016

AVIS AUX CINÉPHILES
IL ARRIVE PARFOIS QUE CERTAINS FILMS NE SOIENT PAS PRÉSENTÉS TOUS LES JOURS, PARTICULIÈREMENT DANS LES SALLES INDÉPENDANTES. CONSULTEZ LES LIENS RESPECTIFS POUR LES HORAIRES DE LA JOURNÉE.

[ Cliquez sur chaque titre pour accéder à la fiche détaillée ]

LE FILM DE LA SEMAINE
« Prix du public »
Chicago International Film Festival 2016
moonlight_primeursMOONLIGHT
[ Drame social ]

Suite

Mémoire vivante

ÉVÉNEMENT
Texte : Charles-Henri Ramond

QUE SOMMES-NOUS DEVENUS ?

Image extraite du documentaire 15 NOV - Source: Collection Smith

Image extraite du documentaire 15 NOV – Source: Collection Smith

Dans les jours qui viennent, quatre projections spéciales dans quatre villes du Québec, célèbreront à leur manière la journée du 15 novembre 1976. Au terme de cette journée mémorable, René Lévesque et le Parti Québécois prennent le pouvoir de façon triomphale en battant les Libéraux de Robert Bourassa qui avaient pourtant fait élire, trois ans plus tôt, 102 députés sur 108.

Pour les « baby boomers », ces projections seront l’occasion de replonger dans des souvenirs marquants, tant collectivement qu’individuellement, tandis que pour les plus jeunes qui n’ont peut-être jamais entendu parler de cette date, ce sera sans aucun doute la découverte d’une aventure humaine portée par tout un peuple désireux de se libérer, et en fin de compte, de rendre possible un rêve un peu fou.

Le documentariste Hugues Mignault accompagné de Ronald Brault et de plus d’une vingtaine de techniciens de l’image et du son répartis en huit équipes de tournage ont capté sur pellicule cette première élection du Parti Québécois. Leur film 15 NOV, suit pas à pas les principaux protagonistes de cette journée mémorable, gravée à tout jamais dans la mémoire vivante du Québec.

« Je n’ai jamais pensé que je pouvais être aussi fier d’être Québécois… que ce soir. On n’est pas un petit peuple, on est peut-être quelque chose comme un grand peuple! »

Cette célèbre phrase, lancée par René Lévesque de la tribune du Centre Paul-Sauvé, restera longtemps en mémoire. De même que les visages de ses collaborateurs nouvellement élus qui l’entouraient ce soir-là et qui formeront par la suite l’un des meilleurs gouvernements de l’histoire du Québec, selon les affirmations de plusieurs. Ce qui a fait dire à beaucoup de monde « Nous étions dans une allégresse indescriptible. Nous pleurions, nous dansions, nous étions tous dans une espérance folle où tout pouvait arriver ».

Quarante ans plus tard, 15 NOV reste encore très actuel et soulève nombre de questions sur ce que notre classe politique est devenue et sur ce qu’il reste de nos rêves d’alors, entre autres. Ces interrogations, ce rappel essentiel à l’histoire du Québec revivront sur grand écran les 14, 15, 16 et 17 novembre 2016, pour une seule séance (à 17h30)  dans les cinémas suivants :

Le 14 novembre à QUÉBEC : MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC

Le 15 novembre à MONTRÉAL au THÉÂTRE OUTREMONT

Le 16 novembre à SHERBROOKE à LA MAISON DU CINÉMA

Le 17 novembre à TROIS-RIVIÈRES au TAPIS ROUGE

 

15 NOV – 1977 – Canada [Québec] – Durée : 1 h 39 – Réal. : Hugues Mignault, Ronald Brault – Participation : Robert Bourassa, Claude Charron, Jean-Marie Cossette, Denise Filiatrault, Gérald Godin, Pierre-Marc Johnson, Camille Laurin, René Lévesque, Doris Lussier, Gaston Miron, Lise Payette, Pierre Perrault, Gilles Proulx, Pierre Elliott Trudeau – Images : Ronald Brault, André Gagnon, Louis de Ernsted, Bruno Carrière, Michel Brault, Martin Duckworth, Pierre Duceppe, Daniel Jobin, Georges Jardon – Mont. : Annick de Bellefeuille – Mus. : Conventum – Prod. : Bernard Lalonde, ACPAV – Dist./Contact :  Collection Smith.

Alanis Obomsawin : Prix Albert-Tessier 2016

7 novembre 2016

HOMMAGE
Texte : Charles-Henri Ramond

LA FORCE DES CONVICTIONS

Alanis Obomsawin, première réalisatrice autochtone au Québec, recevra le prix Albert-Tessier 2016. Au cours de sa longue et prolifique carrière à l’Office national du film du Canada (ONF) [1], elle est indiscutablement devenue l’une des plus grandes documentaristes au Canada. Cette récompense, la  plus  haute  distinction cinématographique québécoise, couronne l’ensemble de sa carrière et atteste la richesse de son impressionnante contribution au cinéma d’ici, en plus de souligner la force imperturbable des convictions de la cinéaste, sans cesse engagée dans la lutte contre les injustices vécues par les Premières Nations.

Pour redécouvrir son œuvre, quoi de mieux que de commencer par quatre de ses films phares portant sur les événements d’Oka de l’été 1990. Œuvres indispensables et qui gardent vingt ans plus tard les traces d’une actualité encore brûlante, ces films sont disponibles en ligne sur le site web de l’ONF ou dans un coffret DVD. Voilà ce qu’en disait en 2008 notre collègue Luc Chaput dans un texte intitulé « Alanis Obomsawin : pour la suite d’un monde autochtone » [2].

Alanis Obomsawin, documentariste, chanteuse, artiste, éducatrice et militante - © Office national du film du Canada. Photo: Rafy

Alanis Obomsawin, documentariste, chanteuse, artiste, éducatrice et militante – © Office national du film du Canada (Photo: © Rafy)

Née près de Lebanon, New Hampshire, aux États-Unis fin août 1932, elle est amenée rapidement à Odanak, réserve abénaquise au nord-est de Montréal sur la rivière Saint-François, où elle passe la majorité de son enfance, apprenant l’histoire et la culture de son peuple en écoutant les récits de son parent Théophile Panadis, conteur émérite. Elle croise par ailleurs la famille de l’annonceur et lecteur de nouvelles à Radio-Canada Jean-Paul Nolet, né Jean-Paul Wawanoloat,  dont le père fut chef de la réserve pendant 35 ans.

Sa famille déménageant à Trois-Rivières, elle connaît le racisme ordinaire du milieu de l’éducation québécois d’alors, ce qui fortifie son caractère. Inspirée par Théophile, elle commence dans la vingtaine une carrière de conteuse et chanteuse qui lui permet de côtoyer la bohème montréalaise [3]. Une rencontre avec John Grierson, après un portrait télévisé sur elle présenté à la CBC, lui ouvre les portes de l’ONF où elle commence à travailler à divers projets et où elle acquiert ses galons avec des œuvres comme No Address et Richard  Cardinal: Cry from the Diary of a Métis Child.

En juillet 1990, le début de la crise d’Oka l’incite à constituer rapidement une équipe de tournage et à se rendre immédiatement sur les lieux pour être témoin direct de cet événement dont elle devine l’importance. Elle sera la seule journaliste-cinéaste-reporter à vivre les deux mois et demi de la crise à Kanesatake même. Elle peut ainsi enregistrer de multiples bandes-son pour compléter les 180 heures d’images tournées. Cet acharnement physique et intellectuel lui servira lors du montage de ces kilomètres de pellicule avec l’aide de Yurij Luhovy.

À revoir ces quatre films sur trois DVD que sont Kanehsatake: 270 Years of Resistance, My Name is Kahentiiosta, Spudwrench Kahnawake Man et finalement Rocks at Whiskey Trench, l’on remarque tout d’abord l’imbrication des uns dans les autres, un personnage secondaire d’un film est le principal de l’autre. Mue par son éducation autochtone, qui privilégiait la transmission orale des acquis, la cinéaste accorde une très grande place à la parole de chacun. Elle souligne l’importance de la parole donnée dans les négociations. Obomsawin fournit un véritable cours d’histoire sur l’évolution  des peuplements iroquois autour de Montréal, ce qui permet de mieux comprendre les frustrations accumulées qui ont mené à l’éclatement de la crise de 1990. Comme dans Incident at Restigouche, son film précédent sur un affrontement entre la Sûreté du Québec et des autochtones, elle met en lumière la solidarité des peuples premiers de l’Amérique du Nord, qui viennent en aide à leurs frères dans les moments difficiles.

Ces quatre documentaires constitueront, pour certains, des œuvres difficiles à regarder à cause des violences montrées et décrites (spécialement dans Spudwrench et dans Rocks), mais ils ont l’avantage de constituer un point de départ pour des discussions sur la place des Premières Nations dans notre monde changeant.

Références
[1] : Au cours de ses quarante ans de carrière, Mme Obomsawin a réalisé près de 50 films. Sa dernière réalisation, On ne peut pas faire deux fois la même erreur, sera projeté en première québécoise aux RIDM dans quelques jours.

[2] : « Alanis Obomsawin : pour la suite d’un monde autochtone » Luc Chaput – Séquences : la revue de cinéma, n° 256, 2008, p. 32.

[3] Leonard Cohen s’inspirera d’elle pour créer un des personnages de son roman Beautiful Losers.

Semaine du 4 au 10 novembre 2016

3 novembre 2016

AVIS AUX CINÉPHILES
IL ARRIVE PARFOIS QUE CERTAINS FILMS NE SOIENT PAS PRÉSENTÉS TOUS LES JOURS, PARTICULIÈREMENT DANS LES SALLES INDÉPENDANTES. CONSULTEZ LES LIENS RESPECTIFS POUR LES HORAIRES DE LA JOURNÉE.

[ Cliquez sur chaque titre pour accéder à la fiche détaillée ]

LE FILM DE LA SEMAINE
« Réalisateur de l’année »
Hollywood Film Awards 2016
hacksaw-ridge
HACKSAW RIDGE

[ Drame de guerre ]

Suite

CINEMANIA 2016

Jacques Fieschi (PHOTO : Festival CINEMA

Jacques Fieschi (PHOTO : © Festival CINEMANIA)

ÉVÉNEMENT
Texte : Luc Chaput

Nicole Garcia et Jacques Fieschi
COMPLICITÉ DANS LA CRÉATION

Encore une fois cette année, Cinemania s’associe à la Cinémathèque québécoise pour présenter une rétrospective-hommage à l’invité principal du festival. Nicole Garcia a réalisé le film d’ouverture Mal de pierres dont nous aurons l’occasion de reparler demain sur ce site. C’est là son troisième long métrage en compétition à Cannes en tant que réalisatrice. Déjà en 2002, elle avait offert à Daniel Auteuil un de ses plus beaux rôles dans L’adversaire, adaptation du roman d’Emmanuel Carrère sur l’affaire Jean-Claude Romand. Le scénario coécrit avec Jacques Fieschi rend bien ambiguïté et l’opacité de cet homme qui se ment à lui-même et s’évertue à être un médecin ayant réussi alors que le monde se dérobe sous ses pieds. La mise en scène de Garcia laisse une grande liberté aux acteurs dans une construction complexe qui permet d’appréhender quelque peu cet homme qui joua sa vie et la perdit.

L'adversaire

L’adversaire Daniel Auteuil et Nicole Garcia

Nicole Garcia fut d’abord actrice et elle continue à jouer dans des films de ses collègues ou au théâtre où elle aime bien retrouver le luxe de la durée que permettent difficilement les courtes scènes et ces interruptions des tournages. Son lien avec ses origines pied-noir percole tout au long de sa filmographie que ce soit dans La question de Laurent Heynemann sur la fameuse affaire Henri Alleg durant la guerre d’Algérie ou récemment dans Un balcon sur la mer où les souvenirs resurgissent de manière inopinée dans la vie d’un courtier immobilier. Dans ce film, on retrouve aussi la complicité de Jacques Fieschi, comme elle d’origine pied-noir, et naguère critique et qui a connu comme scénariste des relations également fructueuses avec OIivier Assayas (Les destinées sentimentales) ou Claude Sautet (Un cœur en hiver). La réalisatrice fut d’abord actrice entre autres dans des rôles de petite amie ou d’épouse du personnage masculin principal et ce fut aussi le cas dans Garçon de ce même réalisateur où les parties du travail de la brigade dans un restaurant sont plus intéressantes et mieux chorégraphiées que les liens entre Claire et Alex (Yves Montand). On peut donc préférer Péril en la demeure où Michel Deville adapte admirablement le roman de René Beletto et apporte à Christophe Malavoy, Richard Bohringer et bien entendu à madame Garcia, des partitions à leurs mesures.

Péril en la demeure

Péril en la demeure Christophe Malavoy et Nicole Garcia

Jacques Fieschi et la cinéaste ont trouvé, dans Catherine Deneuve, l’interprète idéale pour Place Vendôme où les ors, les brillants et les dessous frelatés se côtoient sur cette place centrale parisienne. La construction aux multiples facettes demande une attention soutenue mais le jeu en vaut son beau lot de jetons. La grande Catherine a gagné un prix d’interprétation à Venise en 1998 pour le rôle de Marianne. Dans cet aperçu un peu court mais assez fourni de l’oeuvre de l’actrice-cinéaste et de son co-scénariste, l’on doit regretter l’absence de leur premier opus commun Un week-end sur deux où Nathalie Baye incarne souverainement une actrice qui court les cachets et qui tente de se rapprocher de ses enfants, mais aussi souligner la présentation de Mon oncle d’Amérique, autre opus majeur d’Alain Resnais.

sequences_web

Nederlands Danz Theater

2 novembre 2016

DANSE /
CRITIQUE
★★★★

Texte : Élie Castiel

LA CONSTANCE DE L’ÉPHÉMÈRE

Au programme de la soirée, trois chorégraphies, dont une de la Canadienne Crystal Pite, associée au NDT depuis 2008. Sa création In the Event était placée au beau milieu d’un spectacle superbement orchestré, soulignant l’originalité d’une compagnie qui ne finit pas de nous étonner. Et pour cause, elle symbolise la danse contemporaine, toujours en diapason de son époque.

d-danse_stop-motion

Stop-Motion (© Rahi Rezvani)

Suite

The Refugee Hotel

29 octobre 2016

THÉÂTRE /
CRITIQUE
★★ ½
Texte : Élie Castiel

LOS DESPOSEÍDOS

On aurait voulu être conquis par cette troublante et touchante histoire d’un passé pourtant si proche de nous, d’une époque charnière dans l’Histoire du Chili, ce pays d’Amérique latine où la culture demeure une des raisons d’être des habitants, sans compter sur ses chères valeurs démocratiques.

Après le coup d’État militaire du 11 septembre 1973 (bizarre coïncidence avec le 11 septembre 2001, comme sil s’agissait d’un néfaste présage) perpétré par le Général Pinochet, avec la bénédiction des États-Unis, par l’entremise de la CIA, les emprisonnements, les tortures de toutes sortes… et l’exil commencent pour de nombreux habitants.

À 43 ans de cette tragédie chilienne, les enfants des exilés se souviennent-ils du drame que leurs parents ont vécu ou au contraire, se sont entièrement assimilés aux valeurs des pays où ils sont nés, un peu partout dans le monde, comme le Canada, les États-Unis (paradoxalement), la Grèce, la France et d’autres ailleurs ? Grande question qui restera nul doute sans réponse tant le monde a changé depuis.

th_the-refugee-hotel

Juan Grey, Gilda Monreal, Marian Tayler et Pablo Diconca (PHOTO : © James Douglas)

Suite

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.